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 « Cleansing blood with silver. »


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 The Hunting Mistress
Alissa Robbins
Alissa Robbins
The Hunting Mistress




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« Cleansing blood with silver. » Vide
MessageSujet: « Cleansing blood with silver. »   « Cleansing blood with silver. » EmptySam 8 Nov - 21:27

∆ NOM : Robbins.
∆ PRENOM : Alissa.
∆ ÂGE : 28 années révolues.
∆ NATIONALITÉ : Franco-anglaise.
∆ LIEU DE NAISSANCE : Whitechapel, Londres, Royaume-Uni.

∆ SEXUALITÉ : Hétérosexuelle.
∆ SITUATION AMOUREUSE : En couple et possessive. Très possessive.
∆ MÉTIER : Chef de l'E.S.D.
∆ GROUPE : ... « I have no time for non sense. »
Chef/Madame/Al'


« Hitting me is like boxing with shadows. »
∆ CLASSE : Attribuée.
∆ NOM DE L'ATTRIBUTION : Inflexion.
∆ MAÎTRISE : 10/10
∆ DESCRIPTION : Ce n'est pas réellement un pouvoir qu'il lui a été difficile de maîtriser, pour la toute simple et bonne raison qu'il est constamment là, il ne bouge pas. Alissa est comme enveloppée d'une barrière invisible la protégeant de tous projectiles ou attaques à distance en les déviant. Il en va de même pour les pouvoirs, d'ailleurs. Elle est intouchable, c'est comme ça. A moins que vous n'arriviez à l'atteindre au corps à corps. Par ailleurs, son "bouclier" comporte une faille considérable qu'elle n'a pas encore réussi à combler. En soi, il se présente bien plus comme une sorte de boîte dans laquelle elle est enfermée. Une boîte qui, selon l'instant, présente un endroit bien moins épais que le reste. Un endroit qui permettrait aisément d'ouvrir une brèche pour pouvoir la toucher sur une partie précise de son corps, en somme. Mais n'espérez pas que ce sera chose aisée.

∆ INVENTAIRE : 1 - Une arbalète sanglée à son poignet.
Elle n’a jamais été quelqu’un de très souriant. Et plutôt que de se faire des amis, elle préférait s’adonner à des cours de sports de combats pour perfectionner son corps qu’elle désirait transformer en machine de guerre, uniquement bercée par son désir aveuglant de vengeance. Elle est rancunière. Un peu trop peut-être. Et en plus de tout cela, elle est d’une implacabilité presque frustrante. Têtue et sévère, elle dirige l’E.S.D d’une main de fer, et qui tentera de démontrer le contraire sera très certainement humilié, en plus de prendre la rincée de sa vie. Elle n’a aucun mal à cogner ceux qui, à ses yeux, le méritent. Et bien qu’elle soit quelqu’un de réfléchi, elle a une fâcheuse tendance à souvent faire parler ses poings plutôt que le reste lorsqu’elle commence à saturer. Elle était du genre à s’emporter vite, Blake vous le dira. Toutefois, son travail autant que sa vie amoureuse l’ont aidée à s’adoucir.

Mais Alissa est avant tout une femme d’honneur, fidèle et dévouée, aimante et possessive (très possessive, affreusement possessive) et ce malgré son manque total d’affection et autres caractéristiques du même genre. Bien sûr qu’elle peut le montrer. Mais jamais vous ne la verrez vous tendre les bras ou prendre un air compatissant. Loin de là. Elle est du genre à remonter le moral des troupes à grands coups de pieds au cul. À vous sourire, oui, mais il sera rare de voir autre chose qu’un rictus ironique étirer ses lèvres. N'allez pourtant pas la considérer comme féroce. Elle est douée de compassion, et c'est très certainement ce qui la perdra.

Accordé à tout cela, elle parle peu, se fait expéditive dans ses prises de parole, mais dispose d’un talent d’oratrice non négligeable. Mais encore faut-il qu’elle ait envie de l’utiliser.
« Vous devriez la protéger, l’Index devient dangereux, vous savez. » Il s’appelait Zev, ou quelque chose de similaire. Un nom qui m’avait aussi vite échappé que son visage. Mes souvenirs ne m’apportaient de lui qu’un profond sentiment de peur et d’angoisse. Une désagréable sensation qui nouait mon ventre et me donnait la nausée, comme lorsqu’il venait. Pourtant, je n’étais capable que de le regarder, sans bouger, installée sur les genoux de mon père qui tripotait mes longs cheveux bruns d’un air absent alors que ma mère lui parlait. Et je ne comprenais pas. Parce que je n’avais que dix ans, parce qu’à cet âge-là, le mot « Index » était pour moi l’un des doigts de ma main.

« Tu vas partir avec Zev, ma chérie. Mais ce sera juste l’affaire de deux jours, tu nous rejoindras après, d’accord ? Sois sage avec lui. »

Je n’avais même pas réussi à y croire, mais je m’étais gardée de l’énoncer. Je n’avais pas voulu la contrarier, alors j’avais glissé ma main dans celle de cet étranger non sans une légère moue de dégoût avant de lui emboîter le pas vers l’extérieur.

« Tu sais où on va, Alissa ? »
« Non. »
« Tant mieux. »

Je ne savais pas où il m’emmenait, j’aurais dû arrêter de le suivre, m’inquiéter. Mais je n’avais que dix ans, et je me contentais d’obéir à ce que ma mère m’avait demandée.


CHAPITRE I.


L’odeur âcre et les hurlements ambiants avaient fini par avoir raison de son déjeuner. Et tout ce qu’elle avait pu voir n’avait pas aidé. Elle n’avait rien à faire là, absolument rien même. Tout ici était d’une violence bien trop prononcée pour qu’elle puisse prétendre y avoir sa place. Mais c’était lui qui l’y avait emmenée, et elle n’avait aucune idée de comment elle pourrait rentrer. Et quand bien même elle l’aurait voulu, elle se savait dépourvue de moyens de s’échapper. Parce qu’il était là, à la regarder si fixement qu’elle en était dérangée.

« Tu en as encore sur l’estomac ? »

Elle avait secoué la tête, la bouche envahie par l’arrière-goût de la bile sur sa langue, dénuée d’envie de prononcer l’ombre d’un mot. Parce qu’elle préférait se préserver de rejeter une nouvelle fois tout ce qui pouvait se balader dans son système digestif.

« Est-ce que tu as peur, Alissa ? »

Et Alissa l’avait fixé, un moment, sans trop savoir ce qu’elle devait lui répondre. Évidemment que oui, elle avait peur. Elle était terrorisée même. Mais il n’y avait pas que ça. L’angoisse qui lui tordait les boyaux jusqu’à présent s’était incroyablement accentuée. Le danger venait de lui, elle le sentait. C’était de lui dont elle était effrayée, de ce visage sans cesse caché par d’épaisses lunettes et un col remonté. De cette peau basanée marquée par l’âge, endurcie par les cheveux blancs hirsutes qui parsemaient son crâne. Pourtant, une fois de plus, elle avait secoué la tête sans le lâcher des yeux, le regard vide et l’air complètement déboussolé.

« Alors tant mieux. »

Et le cycle infernal avait commencé. Sur deux jours qui m’avaient paru infernaux sans que je ne puisse me douter que ce n’était rien en comparaison de ce qui m’attendait. Bûchers, hurlements, monstruosités, odeurs de cadavres carbonisés. La liste était longue, bien plus longue, mais je n’avais pas eu le cœur à tout mémoriser.

« Ce n’est pas ton monde, Alissa. Celui-ci n’est là que pour t’aider. »

Elle n’était ni naïve ni sotte, elle avait parfaitement conscience du fait que ce monde n’était pas là pour l’aider. Elle n’y voyait défiler que des atrocités sans noms, des horreurs que son cerveau d’enfant lui-même n’aurait pas été en mesure d’imaginer. Il lui bourrait le crâne de monstruosités dont elle aurait dû être épargnée, mais elle n’avait d’autre choix que de l’accepter. Elle ne pouvait que les voir brûler sans réussir à bouger, les entendre chanter et lui marteler la tête sans parvenir à se débattre, à s’en échapper. Et lorsque tout s’était enfin terminé, elle avait senti mon estomac lui brûler en raison de la bile qui remontait.

&&&.


« Tu n’es pas obligée de leur en parler, ils ne comprendront pas. »

Et effectivement, elle n’en avait pas parlé. Plutôt que de leur expliquer les raisons de son soudain mutisme, elle avait préféré se murer dans une solitude qu’elle se savait pourtant incapable de gérer. Alors elle parlait, parfois, rarement. Mais ses prises de paroles n’avaient rien de réellement rassurant. « Pourquoi brûlait-on les sorcières, avant ? » « Est-ce qu’elles étaient les ancêtres des super héros de maintenant ? » « Pourquoi on ne les brûle pas, eux ? » Ils s’en inquiétaient, s’en insurgeaient même parfois. Mais ils ne comprenaient pas.

« Tu te rends compte de ce que tu dis, Alissa ? »
« Non. »
« Je crois que ces livres que tu t’es mise à lire te pourrissent le crâne plus qu’autre chose. »

Et c’était ainsi que l’un des exemplaires de « La Nuit de Walpurgis » s’était consumé dans le feu d’une cheminée fraîchement allumée, alors qu’une fois de plus, elle ne pouvait qu’observer.

&&&.


Les choses avaient continué ainsi un certain temps. Deux jours étaient devenus une semaine. Mais elle n’avait toujours pas compris ce qu’il faisait, ni pourquoi il le faisait. Pourquoi toutes ces horreurs, il les lui montrait. Pourtant, jusqu’au bout, elle avait refusé de l’interroger. Alors elle s’était installée sur ce lit qui était devenu le sien après seulement un passage, et une fois de plus, elle l’avait juste regardé. Mais il ne lui avait rien montré. Ce jour-là, il avait doucement saisi son bras en faisant cracher la seringue qu’il avait entre les doigts.

« Ca risque de te faire mal. »
« Pourquoi ? »
« Parce que c’est ta veine que je vais piquer. Mais tu serreras les dents et ça ira, n’est-ce pas ? »

Et elle avait opiné. Parce qu’elle ne pouvait rien faire d’autre, de mieux. L’aiguille avait traversé sa peau, elle s’y attendait, mais elle n’avait pas pu s’empêcher de pleurer. Malgré ses dents serrées et son visage fermé. Malgré la douleur mentale bien plus intense qu’elle ressentait. Et au final, elle en était venue à se demander si elle pleurait de cette souffrance physique, ou de ce qu’il infligeait à son innocence. Elle n’avait que dix ans. Seulement dix ans. Alors elle était incapable de comprendre pourquoi ses muscles se tendaient, pourquoi ses pensées elles-mêmes semblaient défiler en accéléré, pourquoi il l’avait finalement à nouveau immergée dans un monde auquel elle n’aurait jamais dû accéder. J’avais peur. Plus que jamais, elle était terrorisée. Terrorisée par ce corps qui semblait refuser de tenir en place, par ce nombre d’informations trop élevées parvenant à son cerveau, par ces horreurs de cartons et de papiers qui semblaient bien trop vraies. Psychédéliques et affreux. Et elle avait l’impression d’étouffer, de se perdre dans ce monde bien trop malsain qui ne serait jamais le sien. Pourtant, cette fois-là, le retour à la réalité était très vite arrivé. Et il l’avait regardée, longuement, curieusement, avant de se relever pour quitter la pièce sans plus lui parler. Elle, elle n’avait pas bougé. Parce que je ne pouvais pas. Parce qu’elle ne le voulait pas.

Il n’était revenu qu’une heure après. Ou tout du moins, ce qu’il lui avait semblé être une heure. L’horloge au plafond indiquait que seulement dix minutes étaient passées… Zev s’était accroupi devant elle, les mains posées de chaque côté de son petit corps alors qu’il détaillait sa peau avec insistance. Elle le sentait, que ses veines pulsaient. Que quelque chose courait sous son derme et s’infiltrait un peu plus dans les moindres molécules qui constituaient tout ce qu’elle était. Mais elle ne comprenait pas. Cette sensation désagréable qui la prenait dans chaque membre de sa silhouette n’était pas assez prononcée pour qu’elle daigne s’en inquiéter.

« Tu peux bouger ? Lève-toi. »

Elle avait hoché la tête avant de s’exécuter. Doucement, Alissa s’était glissée hors du lit pour poser ses pieds nus sur le sol glacé, parcourue d’un frisson dû à la différence de température remarquablement prononcée.

« J’ai l’impression que le sol est gelé. »
« C’est normal. Ton corps est beaucoup plus réceptif à ce qui t’entoure. Frappe-moi. »
« Non. » Elle avait fait la moue en signe de négation. « Maman m’en voudrait. »
« Elle n’en saura rien. Frappe-moi avant que je ne t’oblige à le faire. »

Elle avait voulu refuser. Elle aurait préféré même, mais la menace avait été tellement intense qu’elle n’avait eu d’autres choix que de lui envoyer son poing dans le nez. Un craquement sinistre, odieux, qui avait arraché un haut-le-cœur à la jeune fille mais elle n’avait pas cillé, à son instar. Et là où elle s’attendait à le voir hurler dessus, il avait ricané. Bêtement, avant de doucement se saisir d’elle par les épaules pour la soulever de terre et la replacer sur le lit.

« Tu es promise à de grandes choses, tu sais ? »

Il lui avait ébouriffé les cheveux, avait de nouveau ricané, puis s’était une fois de plus éclipsé.

CHAPITRE II.


« Comment est-ce que tu te sens ? »
« Normale. Je ne devrais pas ? »

Zev avait arqué un sourcil au-dessus de ses épaisses lunettes aux verres fumés.

« Tu n’as pas mal ? »
« Non. Je peux rouvrir les yeux maintenant ? »
« Pas maintenant. »

Il l’avait observée un moment, s’était emparé de son bras lacéré pour l’inspecter, avait glissé son regard sur ses jambes marquées d’hématomes et de contusions sans réellement comprendre ce qu’il se passait. Puis il s’était mis à parler tout seul, évoquant le fait qu’elle n’avait « que douze ans », que rien n’était normal, mais que tout était merveilleux. Doucement, il avait appuyé sur l’une des plaies marquant sa peau, s’attendant à une quelconque réaction de l’enfant qui n’avait pourtant pas bougé.

« Tu l’as vue ? »
« Oui. »
« À quoi ressemblait-elle ? »
« Elle n’avait rien d’humain. »
« Mais encore ? »
« Elle n’avait pas de tête, portait un costume noir et ses jambes se terminaient par des mains au lieu de pieds. Et elle riait, fort. Enfin… Ca ressemblait à un rire de dame très aigu. »
« Qu’est-ce que tu lui as fait ? »

Alissa repassa les évènements en boucle dans sa tête. Sa nouvelle immersion dans un monde qu’elle avait fini par baptiser « Walpurgis », le chemin sinueux qu’elle avait emprunté traversant de multiples pièces plus différentes les unes des autres. L’une était rose, les murs incrustés de petits points blancs et de rubans dotés d’yeux plus vrais que nature. L’autre était sombre, et elle avait cette désagréable impression de s’enfoncer dans les ténèbres alors qu’elle voyait de multiples seringues et boîtes de médicaments flotter au-dessus de sa tête. Il y avait une femme, aussi. Au visage semblable à une spirale, vêtue d’une robe bleu nuit, dotée d’une seule et unique jambe. Et les choses avaient continué ainsi, plus psychédéliques au fur et à mesure qu’elle avançait.

« Et après ? »
« Il y avait une porte, sur laquelle il y avait une pancarte qui disait « Personnel uniquement ». J’y suis entrée. »

Et le décor avait une fois de plus changé. Les petits gâteaux qu’elle avait vu courir dans l’une des précédentes salles étaient devenus des paires de jambes terminées de patins à glaces, uniquement vêtues d’une jupe courte, dénuées de buste.

« Ensuite, elle est apparue. »

Elle n’avait pourtant pas bougé, elle, la monstruosité. Si Alissa s’était ruée sur elle, son adversaire n’avait pas daigné se déplacer et elle n’avait compris que lorsqu’elle avait été envoyée voler sur plusieurs mètres que les choses ne seraient pas aussi faciles que ce qu’elles semblaient. Elle avait été marquée, blessée, mais son corps boosté n’y prêtait plus réellement attention.

« Comment est-ce que tu l’as abattue ? »
« J’ai attrapé l’un des scalpels géants du décor et je l’ai tranchée en deux. »

Il avait été perturbé par son indifférence, mais ne s’en était acquitté, bien plus enthousiaste de voir que ses expériences fonctionnaient.

« Au départ, ton corps était beaucoup trop réceptif. Maintenant, il ne l’est plus assez, en plus de te conférer une force et une rapidité considérables. Tu vas devenir une véritable machine à tuer. »

Et pour la première fois depuis trop longtemps, mon visage avait laissé paraître autre chose que de l’indifférence. J’avais peur, j’étais terrorisée. Je voulais uniquement rentrer.

&&&.


Elle avait approximativement douze ans et demi lorsque la guerre avait éclaté. Lorsque les indexés avaient commencé à courir les rues pour abattre les supers, lorsque Whitechapel était redevenu un quartier qu’il valait mieux ne plus fréquenter. Ce jour-là, pour une fois, Alissa avait pu regagner son domicile et lisait d’un air détaché l’un des livres que sa mère lui avait acheté. Elle ne s’y intéressait pas, loin de là. À vrai dire, elle les avait finis plus d’une fois. « Ca me fait plaisir de te voir aussi absorbée par ces histoires. » lui avait un jour confié sa génitrice. Alors même si elle s’en fichait, elle continuait. Parce que son esprit en était accaparé, à moitié, et qu’elle évitait de ce fait de se torturer à cause de la seule chose que Zev lui avait annoncée avant de la laisser repartir. « Tu vas devenir une véritable machine à tuer. » Des mots qui tournaient en boucle dans sa pauvre petite tête d’enfant alors qu’elle relisait encore et encore la même phrase, incapable de l’assimiler.

« Alissa ? Range tes affaires, on s’en va. »
« Où ça ? »
« Ne pose pas de questions. Viens, vite. »

De là, ils avaient pris l’un des seuls trains desservant encore la France pour aller se réfugier à Paris. De là, Alissa avait quitté toutes ces horreurs qu’on lui infligeait pour espérer continuer à grandir comme il le fallait. Pourtant, son arrivée dans la capitale française elle-même semblait lui faire comprendre que non, elle ne se développerait jamais comme elle le désirerait. Son esprit même était déjà corrompu et les explosions couplées aux hurlements qu’elle entendait n’aidaient en rien à l’apaiser. C’était certainement pour ça que lorsqu’elle était arrivée chez son grand-père maternel, plutôt que de le serrer dans ses bras, elle s’était exilée là où elle voulait que personne ne puisse la trouver.

&&&.


Et ses jours avaient continué à s’écouler, précaire mais bercés d’une quiétude falsifiée. Elle le savait, qu’ils lui mentaient. Que non, rien « n’irait bien », mais elle était trop jeune pour s’en soucier. Alors elle niait, mettait tout de côté, refusait ces images qui lui en revenaient en tête comme d’incessants cauchemars. Jusqu’à ce qu’il revienne la chercher.

« Nous avons encore quelques mois devant nous. Tu as treize ans, non ? »

Alissa avait silencieusement opiné. Treize ans, oui. Depuis seulement quelques jours à peu près.

« Alors viens. Tout sera bientôt terminé. »

Et une fois de plus, il l’avait emmenée, sans que ses parents ne s’y soient réellement opposés. Mais elle ne leur en voulait pas. Parce qu’ils ne savaient pas. Parce qu’ils ne comprenaient pas.

CHAPITRE III.


Sa chambre avait de nouveau changé. À vrai dire, l’endroit même où elle se trouvait était en tout point différent de ceux où elle avait l’habitude de séjourner. Là où il n’y avait autrefois pas de fenêtres, Alissa pouvait désormais voir et entendre un ruisseau s’écouler à travers la baie vitrée sur sa gauche.

« Nous sommes en pleine forêt ? »
« Oui. Tu n’as pas remarqué vers où tu marchais ? »
« Non. Comme d’habitude, je ne me rappelle de rien entre l’instant où j’ai quitté la maison et celui où je suis arrivée ici. »

Il avait souri. Un sourire qui n’avait rien de rassurant et Dieu seul savait comme elle aurait préféré qu’il garde autour de son visage ce col roulé qu’il avait si souvent porté.

« Nous avons six mois. »

Il n’avait rien dit de plus. Et une fois de plus, le cycle infernal s’était remis en marche. Immersions, exécutions, retours à la réalité. Rien de tout cela n’était vrai, mais j’avais cette désagréable sensation de perdre peu à peu ce qui faisait mon humanité. J’avais seulement treize ans, mais j’en avais assez vu pour toute une vie. Pourtant, il ne s’était pas arrêté. La douleur non plus ne s’était pas arrêtée. Mais je ne souffrais pas physiquement. Il n’y avait que mon esprit qui en gardait des séquelles. Bien trop profondes et impossibles à effacer. Mon corps se retrouvait marqué, mais je n’y accordais pas plus d’intérêt qu’à ces atrocités que je tuais. Parce qu’à force, tout était devenu simple banalité. Parce qu’à force, j’entrais dans ce monde pour le nettoyer, et je m’en allais. Jusqu’à ce que je puisse en sortir sans l’ombre d’une blessure méritant d’être traitée.

&&&.


Et puis, un soir, six mois après, Zev s’était remis à parler.

« Tu sais pourquoi je t’ai infligé tout ça pendant trois ans et demi, Alissa ? »
« Non. Mais je ne vous en veux pas. »
« Ce n’est pas la question. Tu sais que tu n’as pas de don, n’est-ce pas ? Tu n’es pas la première personne qui vit tout cela. D’autres avant toi y ont été confrontées, mais la plupart d’entre elles se sont laissées mourir parce qu’elles n’arrivaient plus à le supporter. Le rapport entre vous, c’est que comme toi, elle n’avaient aucun pouvoir. »
« Et donc ? »
« Et il n’y a que les non dotés qui peuvent entrer à, comme tu l’appelles, Walpurgis. Sauf que tu as vu aussi bien que moi que les choses qui y traînent n’ont rien de bienfaisant. Elles sont l’incarnation même de tout ce qui est mauvais en chaque personne. C’est un monde que j’ai créé pour les y enfermer, mais je n’arrive plus réellement à les contenir. Et ce soir sera la nuit de Walpurgis. Tu sais ce que c’est, n’est-ce pas ? Sauf que ça n’a rien à voir avec ces livres que tu as pu lire. Ce soir, Alissa, la plus dangereuse des incarnations risque de se montrer. Enfin, ce n’est même pas un risque, c’est bel et bien vrai. Et si je ne fais rien pour l’arrêter, je ne suis pas même sûr de pouvoir la garder là où elle est. »
« Vous avez créé un univers parallèle ? »
« Je ne l’ai pas créé. Nous ne sommes pas la seule dimension existante, tu sais. Mais ce n’est pas la question. Tu vas devoir l’abattre pour moi. »
« D’accord. »
« Tu risques d’y laisser la vie, aussi. »

&&&.


Alissa jeta un coup d’œil nerveux à sa droite. Il était là. Elle le savait, elle le sentait, mais le fait même de ne pas être en mesure de le voir suffisait à l’effrayer. Pourtant, plutôt que de fuir dans le sens opposé, elle prît un meilleur appui sur ses pieds, se préparant de ce fait à rouler sur le côté pour se laisser tomber dans l’amoncellement de cadavres brûlés en contrebas. Il y avait une distance approximative de cinq mètres entre la corniche où elle se trouvait et le tas écoeurant qu’elle visait. Avec un peu de chance, elle s’en sortirait. Avec beaucoup plus de chance, son déjeuner aussi y survivrait. Alors elle sauta.

L’odeur de la chair calcinée lui arracha un gémissement plaintif alors qu’elle se dépêtrait au mieux de la matière poisseuse qui collait à sa peau à travers ses vêtements déchirés. J’avais relevé la tête. Par lâcheté. Parce que ces cadavres que je piétinais, je refusais de les regarder.. Et au-dessus d’elle, la chose qui la guettait poussa un cri strident alors qu’elle s’élançait sur la première arme à portée. Pour la première fois depuis longtemps, ses muscles tendus la faisaient atrocement souffrir. Pour la première fois depuis trois ans, Alissa ressentait la douleur physique dont elle aurait dû avoir conscience mais ne pouvait que l’accepter. Parce qu’elle était coincée, prise au piège dans un monde qui n’était pas le sien et dont elle ne pouvait sortir qu’en détruisant cette monstruosité qu’elle avait au-dessus de la tête. Mais une fois de plus, elle ne comprenait pas.

« Pourquoi est-ce que l’injection ne marche pas ?! »

Pourquoi est-ce que je parlais comme si j’avais vingt ans plutôt que treize ? Pourquoi j’avais mal ? Pourquoi je n’arrivais pas à bouger aussi aisément qu’avant ? Elle le sentait, que ses veines pulsaient, que son corps bouillonnait, qu’elle était d’une rapidité et d’une force considérablement boostés. Mais comparé à ces trois précédentes années, cette nuit-là, elle avait la désagréable impression d’être plus faible que jamais. Et l’incarnation avait attaqué.

« Je vais mourir. »

Pourtant, le coup n’était jamais arrivé. La créature déjà bien amochée avait été tout naturellement envoyée plus loin dans le décor, sans qu’Alissa ne puisse comprendre la façon dont les choses se déroulaient. Parce qu’elle ne l’avait même pas touchée. Et lorsqu’une fois de plus son adversaire revînt à la charge, la jeune fille ne bougea pas. Jusqu’à ce qu’elle soit à portée. Jusqu’à ce qu’elle puisse s’en saisir pour pointer le canon de l’arme qu’elle avait entre les mains au niveau de ce qui était très certainement son front.

« J’ai fini par comprendre, Zev. Que cette nuit de Walpurgis est en fait celle que tu as choisie pour mourir. Tu n’es pas doué pour ranger tes affaires, tu sais ? »

Et elle avait tiré. Plus rien n’avait bougé, si ce n’était elle, lorsqu’elle désintégra la paire de lunettes aux verres fumées à l’aide du fusil qu’elle était parvenue à attraper. Alors tout s’était évaporé. Tout avait disparu. Jusqu’à ce qu’elle se réveille. Jusqu’à ce qu’elle glisse son regard perlé sur le cadavre inerte de Zev, à ses côtés.

Tout aurait dû s’arrêter là. J’estimais en avoir vu assez pour toute une vie. Mais les choses ne faisaient que commencer. Mais à cet instant, je ne me doutais de rien. Pas même du fait que si j’avais survécu, c’était uniquement parce que j’étais la première à avoir pu entrer dans Walpurgis tout en état doté d’un don qui m’avait sauvée.

CHAPITRE IV.


L’endroit où il l’avait emmenée n’était finalement pas bien loin du lieu où elle habitait. Tout du moins, c’était ce qu’on lui avait dit lorsqu’on l’avait récupérée sur le bord de la route pour la ramener à Paris. Pourtant, cela ne l’avait pas empêchée de passer quatre longs jours à bord d’une voiture conduite par une femme qu’elle ne connaissait ni d’Adam, ni d’Eve. Elle l’avait longuement questionnée, avait cherché à comprendre les origines de ce sang collé à ses vêtements, ces blessures profondes sur ses bras et ses jambes, mais s’était finalement résignée lorsqu’Alissa lui avait tout simplement demandé de la ramener chez elle sans passer par la case hôpital.

« Tu es bizarre comme enfant. Tu as quel âge ? »
« Treize ans. »
« Treize ans… Ma pauvre. T’as l’air d’en avoir un peu trop vu pour ton âge. C’est la guerre qui te fait cet effet-là ? »
« Non. Pas cette guerre-là. »
« Quoi ? »
« …Rien. »

Elles avaient roulé un moment, s’octroyant quelques pauses dans des endroits où elles pouvaient se reposer et s’acheter de quoi manger. Mais finalement, de la conductrice, Alissa ne connaissait que le nom.

« J’m’appelle Stacy. On risque pas de se revoir, mais autant que tu le saches plutôt que tu continues à m’appeler Madame, mh ? »

Elle s’était contentée de hocher la tête avant de retourner croquer dans le sandwich qu’elle avait entre les mains. Et le voyage avait continué dans des conversations à sens unique, jusqu’à Paris. Jusqu’à ce qu’Alissa pose enfin les pieds sur le sol de son quartier pour regagner le lieu où elle habitait. Elle ne s’était pas retournée, avait soufflé un vague « Merci » à l’égard de cette femme qui l’avait lavée et pansé ses plaies avec ce qu’elle avait pu trouver, puis elle était allée se réfugier contre sa mère, qui l’avait curieusement regardée lorsqu’elle était arrivée.

« Ma chérie ? Tu t’es fait mal ? Qu’est-ce que tu as ? Où est Zev ? »

Pour la première fois depuis longtemps, je leur avais parlé. J’avais décidé de tout leur raconter. Et à partir de là, inconsciemment, ils avaient commencé à me surprotéger.

&&&.


Elle avait repris une vie à peu près normale, entrait dans l’adolescence sans réellement s’en soucier, passait ses journées à lire ou à regarder les rares personnes insoucieuses peuplant Paris se balader en riant bruyamment. Quelques mois s’étaient écoulés. Elle approchait de ses quatorze ans. Pourtant, à leurs yeux, aux yeux de ses parents, elle n’en avait encore que douze. Parce qu’ils refusaient de la voir grandir. Parce que ce changement survenu durant ces deux dernières années, ils ne pouvaient pas l’encaisser.

« Alissa ? Comment est-ce que ça va aujourd’hui ? »
« Je vais bien, papa. Tu n’as réellement pas à te soucier de ça, c’est fini maintenant. »

Évidemment que oui, il s’en souciait. Alors il avait voulu user de son don pour le lui faire comprendre. Parce que parler ne servirait à rien. Parce qu’il n’avait pour solution que de lui transmettre son ressenti à travers la télépathie dont il avait été béni. Mais tout lui était revenu en plein nez. Et elle l’avait regardé curieusement lorsqu’il avait grogné.

« Quoi ? »
« Tu ne sens rien ? »
« Je devrais sentir quelque chose ? »
« Alissa, quand tu nous as dit que cette incarnation avait été repoussée, ça s’est passé comment ? »
« Je vous ai tout dit. Elle a tenté de me frapper, mais c’était comme si elle s’était heurté à une barrière, ou à un ressort. Elle a été déviée. »
« Elle était d’essence magique ? »
« Certainement, vu qu’elle venait de l’esprit de Zev. »

Il l’avait toisée un moment, l’air tendre mais s’était uniquement contenté de quitter la chambre sans plus lui parler. Elle, elle n’avait pas bougé. L’air interloqué malgré son visage fermé. Pourtant, le sujet n’était jamais revenu lors d’une quelconque conversation, comme s’il avait été totalement oublié, comme s’il n’avait même jamais évoqué. Et elle avait continué à grandi, à recommencer, parfois, à sourire. Jusqu’au soir suivant ses quatorze ans.

&&&.


« Cache-toi dans le grenier, et restes-y. »
« J’ai quatorze ans, maman. »
« Justement. Tu n’as que quatorze ans. Et tu en as assez vu pour toute une vie. Alors fais ce que je te dis. Laisse-moi ce que je peux encore t’épargner. »

Elle avait voulu s’y opposer. Mais à peine avait-elle entrouvert les lèvres que la porte à sa droite avait été sortie de ses gonds sans aucun ménagement.

« VA-T'EN. »

Alors elle s’était exécutée, le cœur retourné par sa lâcheté, sans regarder derrière elle. Elle avait fait sauter la porte du grenier et s’y était engouffrée en se bouchant le nez, ses yeux pleurant de la poussière soulevée. Et de là, elle n’avait plus bougé. Une heure durant, elle les avait écoutés se battre, s’acharner, dévaster ce qui constituait leur salon. Jusqu’à ce que j’entende ma mère hurler.
Alissa s’était jetée hors de son refuge pour s’élancer vers la pièce où tout aurait dû se dérouler, vers la pièce où ses parents auraient dû se tenir face à une personne qu’ils auraient dû être en mesure de maîtriser.

« Alissa, je t’en supplie, va-t-en. »

Sa génitrice lui avait lancé un regard désespéré, le dernier qu’elle avait pu lui accorder avant de voir sa boîte crânienne exploser. À cet instant, j’avais senti mes entrailles se tordre, se déchirer, mes jambes elles-mêmes refusaient de me tenir, et je m’étais effondrée. À l’instar du cadavre de sa mère qui alla rejoindre l’autre gisant déjà sur le sol. Elle avait refusé de les observer plus longtemps, son cœur ne le supportait pas. Et elle se sentait étouffer, s’enfoncer dans un état de semi-conscience auquel elle fût arrachée lorsque le canon d’une arme fût pointé sous son nez.

« C’est dommage. J’espérais que tu apprécierais au moins de voir la façon propre dont je lui ai tranché la tête. Pour une fois que je fais les choses sans tout dégueulasser … »

Elle avait hoqueté, ravalant de justesse une remontée d’acide qui l’aurait poussée à se sentir bien plus lamentable qu’elle ne l’était déjà. Et la balle était partie. Alissa, elle, n’avait pas bougé.

CHAPITRE V.


« Tu as quel âge ? »
« Quinze ans. Et toi ? »
« Au moins le double, tu comprends ce que ça inclue ? »
« Quoi ? Que tu as trente ans ? Oui, le calcul n’était pas compliqué. »

Il lui avait lancé un regard lourd de sous-entendus, auquel elle n’avait répondu que par un sourire ironique avant de rejeter sa longue chevelure brune en arrière.

« Qu’est-ce que tu me veux ? »
« Je veux apprendre à me battre. Et j'ai entendu dire que vous étiez bon professeur. »
« Raisons ? »
« Mes parents ont été tués par un indexé. Sous mes yeux. Il n’a pas pu m’assassiner moi alors il s’est fait sauter la cervelle. Mais, je n’arrive pas à accepter que ce genre de personnes courre les rues. »
« Et donc ? »
« Et donc je voudrais les éradiquer. »
« Non. »

Catégorique. Simple. Sans appel. Et il avait tourné les talons.

« Pourquoi ça ? »
« Parce que la vengeance n’est pas une raison valable. Ils sont humains, comme toi. Ils n’ont pas demandé à être utilisés. »
« Très bien. Dans ce cas je resterais jusqu’à ce que tu finisses par céder. »
« Oh tu peux. J’avais besoin de compagnie en ce moment. »

Suite à cela, Alissa lui avait jeté un coup d’œil torve, l’air bien décidé à obtenir ce qu’elle voulait. Pourtant, et malgré son obstination, elle n’avait soutiré de lui qu’un ricanement sec suivi d’un profond désintérêt. Mais jusqu’au bout, je ne m’étais pas démontée.

&&&.


« Tu ne comptes pas lâcher l’affaire, hein ? »

Elle avait secoué la tête. Installée dans un coin du jardin de l’endroit où il vivait, elle fixait le vague d’un air désintéressé. Elle attendait. Patiemment, elle attendait. Parce qu’elle ne pouvait faire que ça.

« …Lève-toi. »

Et de là, mon entraînement avait commencé. Je n’avais jamais réellement compris pourquoi il avait changé d’avis, mais je n’avais pas posé la question, par crainte de le voir se désister. Alors il m’avait tout appris, jusqu’au bout. Il s’était joué de mes capacités boostées pour m’aider à m’améliorer. Je n’avais rien de surhumain, rien d’aussi monstrueux qu’un indexé, mais au final, j’étais effectivement devenue une machine à tuer. Sauf qu’à ce moment-là, je l’acceptais.

&&&.


Ce jour-là, Alissa s’était laissée tomber dans l’herbe fraîche du jardin après une énième « rencontre amicale », les yeux rivés sur l’infinie bleue du ciel, le souffle court. Ses muscles tendus lui faisaient atrocement mal, et le bruit des multiples explosions à quelques kilomètres de là n’aidaient pas à apaiser son cerveau qui fonctionnait à une allure folle, mais elle souriait. Légèrement.

« Tu es arrivée plus loin que ce que je pensais. »
« J’ai décidé de m’y mettre corps et âme. »
« Tu comptes toujours te venger ? »
« …Je n’en sais rien. »

Parce que quatre ans avec lui m’avaient énormément donné en maturité. Parce que j’avais fini par comprendre que ce qu’il m’avait enseigné, il ne l’avait pas fait uniquement parce que je le voulais.

« Ce savoir ne mérite pas d’être utilisé uniquement pour te salir les doigts, Alissa. »
« J’en ai conscience. Et au final, éradiquer une espèce pour lui permettre de se libérer de ce qu’on lui a infligé n’a rien de mauvais, non ? »
« Je n’en sais rien. Tu l’as déjà fait ? »
« Non, jamais. »

Elle avait menti. Plus parce qu’elle aimait mieux l’oublier que le lui cacher.

« Tu es devenue une jolie jeune femme, Alissa. Tu devrais songer à t’en aller d’ici et à te reconstruire. Profite de ta vie autrement qu’en t’infligeant des choses dont tu n’as pas besoin. »
« C’est un choix, Gerome. »
« Tu pourrais aussi rester ici en attendant de réellement te trouver. »
« … »
« Ne me regarde pas comme ça. Je t’ai déjà dit que j’avais besoin de compagnie. Mais si ça peut te rassurer, je ne sous entendais pas que tu pourrais te reconstruire avec moi. »

Mais ça n’avait rien empêché. Absolument rien même. Parce qu’au bout du compte, après l’avoir remercié, elle était partie. Au final, après l’avoir gratifié d’un baiser volé, elle s’était évaporée. Et lui, s’était contenté de la regarder.

CHAPITRE VI.


Elle avait approximativement vingt ans lorsqu’elle fût promue au rang de chasseuse de rang C. Lorsqu’elle tomba sur Mandy, également. Au détour d’une rue, entre deux poubelles, le visage pâle et les yeux dans le vague. C’était comme une gifle mentale. Une violente remontée de souvenirs qui l’avait poussée à l’accroupir devant elle pour ensuite l’emmener. Parce qu’elle lui ressemblait. Autant physiquement que dans cette façon qu’elle avait de regarder le monde. Parce qu’elle lui parlait, et qu’Alissa avait la désagréable impression de revoir ce à quoi elle avait elle-même été confrontée. Alors elle l’avait emmenée chez elle, sans plus lui adresser l’ombre d’une parole. Elle s’en était occupée, vaguement, mais toujours avec un détachement bien présent. Jusqu’au jour où Mandy s’était plantée devant elle en la regardant d’un air décidé. Le même que j’avais quand Gerome m’a envoyée bouler.

« Tu fais partie de l’E.S.D, n’est-ce pas ? »
« Bien vu. »
« Je veux y entrer. »
« Ce n’est pas à moi d’en décider. »
« Donne-moi les moyens de le faire. »
« Ce n’est pas à moi de te donner matière à y entrer. »
« Apprends-moi ce que tu sais. »

Elle avait souri, légèrement. Mais ne lui avait rien refusé. Durant toute année, Alissa lui avait enseigné une petite partie de ce qu’elle savait, sans jamais rien lui montrer de plus. Parce qu’il était hors de question qu’elle ait assez de ressources pour voir des choses qu’elle n’était pas en âge de voir. Et lorsqu’elle avait estimé avoir terminé, Mandy était partie, sans pourtant s’éloigner de celle qui lui avait finalement permise d’entrer à l’E.S.D.

&&&.


« Tu nous ramènes des gosses ? C’pas très sérieux tout ça, Al’ ! »
« Boucle-la, Caliel, tu veux ? »

Le nommé avait rigolé, le bras passé autour des épaules de la jeune femme alors que cette dernière ne pouvait que se contenter de soupirer en le regardant d’un air faussement agacé.

« Plus sérieusement, tu fais quoi ce soir ? »
« Si tu tiens à m’inviter un rencard, c’est non. »
« Oh t’inviter toi, non. J’avais plutôt pour plan de m’inviter chez toi. »
« Pardon ? »
« Je serais là ce soir à dix-neuf heures. A plus tard ! »

Et là-dessus, il l’avait relâchée, riant une fois de plus de plus avant d’aller s’engouffrer dans l’un des couloirs de l’E.S.D. tandis qu’Alissa, elle, tournait les talons pour regagner son appartement. Elle ne l’avait pas attendu, évidemment. Plutôt que de se soucier du fait qu’il puisse réellement venir, elle s’était posée dans son canapé et avait tout naturellement somnolé. Jusqu’à ce qu’il vienne sonner. Inutile de préciser qu’elle l’avait renvoyé sans l’ombre d’un ménagement, mais Caliel était aussi têtu qu’elle, au moins, et par dépit, elle avait fini par le laisser entrer. Alors il s’était installé, une cigarette coincée entre ses lèvres étirées en un éternel sourire, et elle ne pouvait que le regarder, passant de ses cheveux blonds à ses yeux noisettes. De son bon mètre quatre-vingt-six à ses muscles finement dessinés. Et lorsqu’il avait tapoté la place près de lui, elle s’y était laissé tomber sans ronchonner.

« Tu fais chier. »
« Je sais. Mais je sais aussi que mine de rien, t’es contente que je sois venu. »

Elle n’avait pas répondu. Parce qu’elle ne savait pas elle-même si oui ou non, elle était heureuse de le voir. Mais il était resté, quand bien même elle lui faisait comprendre qu’il l’agaçait. Il était resté ce soir-là, comme les soirs d’après. Jusqu’à ce que sa présence devienne comme une habitude. Jusqu’à ce qu’un après, elle finisse par accepter qu’il puisse la toucher, l’embrasser. Elle ne l’aimait pas, mais l’affection qu’il lui donnait n’était pas quelque chose qu’elle désirait refuser. Au final, il était devenu son refuge, les bras dans lesquels elle se blottissait lorsque l’envie s’en ressentait, et la seule personne à qui elle s’était donnée. Et une année durant, jusqu’à ses vingt-deux ans, Alissa avait vécu aux côtés d’un homme qu’elle considérait bien plus comme un ami très proche qu’autre chose. Une année durant, elle esquivait ses « Je t’aime » sans réellement chercher à savoir si oui ou non il en était affecté, jusqu’au jour où les choses avaient été mises à plat.

« Tu ne m’aimes pas ? »
« C’est une question stupide. »
« C’est une question quand même, alors réponds-moi. »
« Non, Caliel. Je ne t’aime pas. »

Mais contrairement à ce qu’elle aurait pu croire, il ne s’en était pas insurgé. Après un baiser sur son front et une caresse dans sa longue chevelure ébène, il était parti, sans qu’elle ne cherche à le retenir, sans qu’elle ne veuille le retenir. Quand bien même elle avait conscience du fait que son absence laisserait un vide considérable qu’elle n’aurait aucun mal à combler. Et pourtant, elle savait pertinemment qu’elle n’aurait pas de difficultés considérables à le vivre. J’avais toujours été seule. Je ne tenais pas assez en place pour prétendre pouvoir me poser. Et pourtant…

CHAPITRE VII.


Elle avait approximativement vingt-quatre ans. Devenue chasseuse de rang S de par ses capacités hors normes et son sérieux, Alissa avait désormais la « chance » de se voir confier les indexés posant le plus de problème et celui qu’elle avait pour cible ce jour-là lui semblait tout sauf sérieusement dangereux.

« Fais chieeeer, j’ai pas envie. »

Absolument pas, même. Mais elle était allée le chercher, l’avait suivi lorsqu’elle l’avait repéré, et elle s’était faite avoir comme jamais. Il avait tiré la gueule lorsqu’elle lui avait montré son ordre de mission, mais elle n’y avait pas réellement prêté attention. Pas jusqu’à ce qu’il sorte des plaques A/0 du moins. Pourtant, elle n’avait pas plus réagi, arbalète en main, sans bouger. Et il avait dégainé.

Son don sur ce coup-ci ne lui avait été d’aucune utilité. Alors elle avait fini avec la taille profondément déchirée, l’épaule transpercée, le nez très certainement éclaté et victime de nombreuses contusions associées à des hématomes. Mais elle ne s’était pas réellement battue pour avoir sa tête, parce que quelque chose lui échappait. Parce qu’elle ne comprenait pas pour quelle raison les plaques qu’il portait portaient uniquement le rang A/0. Parce qu’elle voulait savoir pourquoi quand bien même elle l’amochait, il ne semblait pas plus atteint que si elle l’avait tout simplement chatouillé. Parce qu'elle était indéniablement effrayé par cet indexé qui, au final, lui rappelait affreusement celui qui lui avait arraché ses parents pour mieux se suicider sous ses yeux, après. Et finalement, le tout s’était soldé par ce qu’elle avait préféré un match nul plutôt qu’une défaite. Alors elle était rentrée chez elle en ignorant ses interrogations, en l’ignorant lui-même et s’était glissée sous sa douche non sans grimacer lorsque l’eau chaude s’était incrustée dans ses plaies qu’elle avait par la suite pansées. Ou tout du moins, qu’elle avait voulu panser avant que la fenêtre de chez elle ne se retrouve tout simplement éclatée. Elle avait hurlé, pour une fois. L’avait incendié et s’était finalement prise une rincée qui l’avait obligée à abandonner l’idée même d’avoir sa tête avant d’être parfaitement rétablie. Et elle avait pesté contre sa pitié, sans pour autant refuser qu’il entreprenne de la soigner.

« Tu peux crever. » lui avait-elle tout naturellement répondu lorsqu’il avait encore cherché à savoir qui voulait sa tête.

Il avait fouillé, elle avait encore hurlé, quand bien même elle savait qu’il ne pouvait pas l’entendre. Alors elle lui avait envoyé sa botte dans la tête sans réellement savoir pourquoi elle l’avait fait.

&&&.


Et les choses avaient continué ainsi un certain temps. Jusqu’à ce qu’elle soit assez remise pour retourner travailler. Elle n’avait pas remarqué qu’il la suivait. Peut-être parce qu’au final sa présence n’avait plus rien de dérangeant et qu’elle s’en était inconsciemment accommodée. Mais toujours est-il que ce jour-là, Alissa avait une fois de plus crié lorsqu’elle l’avait vu défoncer le toit de l’E.S.D. pour y entrer. Evidemment, il ne l’avait pas écoutée. Evidemment, elle avait voulu s’opposer une fois de plus au crétin qu’elle avait sous le nez, mais un coup du plat de son sabre contre la plaie encore ouverte de la chasseuse avait suffi à l’en dissuader. Et pour la première fois depuis longtemps, Alissa avait obéi. Lorsqu’il lui avait ordonnée de rentrer, elle s’était exécutée. Parce qu’à nouveau, elle n’aurait rien pu faire si ce n’était le regarder.

&&&.


« Mais t’as rien dans ta cervelle ?! »

Elle l’avait enguirlandé lorsqu’il était rentré dans un état plus lamentable encore que lorsqu’ils s’étaient rencontrés. Et Dieu seul savait que si elle avait pu, elle l’aurait achevé. Mais le problème était là, je ne pouvais pas. Alors, à son tour, elle avait pansé ses plaies, non sans ignorer l’air surpris qu’il avait tiré. Non sans lui intimer de se la boucler.

Mais finalement, sa présence, j’avais fini par l’accepter. J’avais commencé à ne plus gueuler, à caler mes jambes contre lui dans le canapé, à lui proposer un lit parce que je ne supportais pas de le voir dormir sur mon parquet. Et lorsque j’avais compris, j’étais partie. Parce que ce qu’il éveillait en moi, je voulais le rejeter.

&&&.


Pourtant, cette fois-là, la solitude dans laquelle elle avait été plongée lui avait paru incroyablement moins supportable. Inconsciemment, elle avait fini par espérer le revoir éclater sa fenêtre. Et elle avait attendu, bêtement. Sans réellement savoir pourquoi elle le faisait. Sans réellement comprendre pourquoi elle tournait en rond dans son nouvel appartement, jurait, fumait plus que de raison, s’énervait. Mais malgré ça, lorsqu’il était revenu, un beau jour, elle n’avait pu que le rejeter, lui hurler de s’en aller. Et lorsqu’il lui avait demandé si elle voulait réellement qu’il s’en aille, quand bien même elle avait senti son cœur se serrer, elle avait opiné. Alors, contrairement à ce quoi elle s’était attendue, il avait tourné les talons. Alissa, elle, n’avait pas bougé.

« Ducon. »

Elle était restée immobile une poignée de secondes qui lui avaient paru une éternité, les yeux rivés sur la porte qu’il venait de fermer, sans réellement savoir si oui ou merde elle devait lui courir après.

« Putain. Putain. Putain. »

Et finalement, lorsqu’elle avait poussé la poignée, il était là, sous son nez. J’avais toujours détesté l’entendre ricaner, du moins je m’en persuadais, mais ce genre de bruits bizarres me rassuraient. Parce qu’il était là, je le savais. Inutile de préciser qu’elle avait encore fait montre de mauvaise foi et de tout ce qui s’y rapportaient, mais elle avait fini par céder, par l’attraper pour l’embrasser sans se soucier de si oui ou non il le voulait. Indéniablement, elle s’était sentie lamentable, alors elle était rentrée, avec lui à sa suite. Ils s’étaient posés mais ni l’un ni l’autre n’avait réellement bougé, jusqu’à ce qu’il l’attrape pour la poser sur ses genoux et lui rendre, un peu en retard, le baiser qu’elle lui avait donné. Et étonnamment, plutôt que de le repousser, je lui avais demandé de recommencer.

« Mais tu vas me suivre partout ?! Tu veux pas qu’on vive heureux et qu’on se marie aussi ?! »
« Tchip tchip. »

Même ce… son totalement flippant, je l’aimais.


EPILOGUE.

Et depuis quatre ans désormais, elle vit à ses côtés, devenue chef de l’E.S.D à la place de son patron, qu’il a exécuté. Depuis quatre ans désormais, Alissa peut sourire et avoir une raison de se dire que sa vie n’aura pas été aussi sombre qu’elle ne l’aurait pensé. Depuis quatre ans désormais, malgré les boutades et les joutes, elle ne veut que le garder près d’elle et ne plus jamais le lâcher. Parce qu’elle a besoin de lui autant qu’il a besoin d’elle.

Mais tu peux crever si t’espères que je te le dirais.
« Il y a de multiples façons de la regarder. Moi, j’ai choisi de la voir comme une femme avant de la considérer comme une chasseuse. J’ai préféré voir son corps comme un hymne à l’amour plutôt qu’à la mort. Et pourtant, le fait de mettre de côté sa dangerosité relèverait du suicide. »

Elle est belle, indéniablement. Ses cheveux coupés courts encadrent son visage fin et sévère d’un océan ébène renforçant son teint de porcelaine et ses yeux d’un gris perlé. Mais elle ne sourit pas. Jamais. Ses lèvres pulpeuses et rosées ne s’entrouvrent que pour laisser paraître sa voix grave, sèche. Ses sourires ne sont jamais ponctués d’autres expressions que d’une profonde ironie à l’instar de son regard qui, lorsqu’il ne se teinte pas de dédain ou d’indifférence n’est que cynique. En outre, elle est incapable de faire montre d’une quelconque moue « positive ». Et les seules personnes l’ayant d’ores et déjà vue sourire tendrement ne se comptent que sur deux doigts.

Elle est chasseuse, c’est inscrit dans ses veines. Une machine à tuer dotée d’un corps fait pour tromper. Pourtant, ses muscles sont bel et bien présents, dessinés sous ses tenues moulantes l’aidant à mieux bouger afin d’user de sa rapidité. Elle a été façonnée pour tuer, malgré ses bras fins et ses cuisses agréablement dessinées. Malgré ses longues jambes élancées et ses hanches accentuées. Malgré sa poitrine généreuse et sa taille marquée. Elle est belle, un appel à la décadence qu’il est difficile d’ignorer, mais il est impossible de la toucher, de l’approcher. Parce qu’en plus du charisme écrasant qu’elle dégage, son « chien de garde » est incessamment à ses côtés.
Derrière l'écran
∆ PSEUDO : Jinx.
∆ ÂGE : 20 ans.
∆ MÂLE OU FEMELLE : Lexou.
∆ PERSONNAGE DE L'AVATAR : Bayonetta - Bayonetta.
∆ TU NOUS AS TROUVÉS COMMENT ? *Mâchouille son arobase*

∆ DES SUGGESTIONS ? Plus d'amour.
∆ LE MOT DE LA FIN : Plus d'amour.
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Le Chien de garde
Blake Foster
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Le Chien de garde




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MessageSujet: Re: « Cleansing blood with silver. »   « Cleansing blood with silver. » EmptyDim 9 Nov - 5:46

Je m'en occupe !
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Le Chien de garde
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MessageSujet: Re: « Cleansing blood with silver. »   « Cleansing blood with silver. » EmptyMar 11 Nov - 22:40


Tchip tchip !

Pour une fiche moche, je l'ai plutôt trouvée géniale. En gagatisant bien sur la fin qui plus est. Donc voilà encore une des tes fiches que j'ai adoré lire, encore une de tes personnages que j'adore. Je comprends pourquoi Blake en est tombé amoureux. Et moi je t'aime. *^*

Tu es désormais la dirigeante de l'E.S.D. de niveau 45. Tu peux dès à présent te balader dans Néo-Paris (et essayer de survivre) avec ton objet n°1.

N'oublie d'ailleurs pas d'aller recenser ton avatar ici, ton pouvoir ici, et n'oublie surtout pas d'aller ouvrir ta fiche de liens par là !

Avec l'amour de ton Lexou.~♥
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