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 ∆ Don't touch me.


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Savanah O'Brian
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MessageSujet: ∆ Don't touch me.   ∆ Don't touch me. EmptyMer 12 Nov - 21:46

∆ NOM : O'Brian.
∆ PRENOM : Savanah.
∆ ÂGE : 24 ans.
∆ NATIONALITÉ : Américaine.
∆ LIEU DE NAISSANCE : Texas, Amérique.

∆ SEXUALITÉ : Allan.
∆ SITUATION AMOUREUSE : Allan.
∆ MÉTIER : Allan (Anciennement mercenaire.)
∆ GROUPE : All- Civils.
Loen.

« Don't touch me. »
∆ CLASSE : Attribuée.
∆ NOM DE L'ATTRIBUTION : Shikotsumyaku. (Impulsion mortelle des os)
∆ MAÎTRISE : 09/10
∆ DESCRIPTION : Le pouvoir de Savanah est entièrement concentré dans les os. Uniquement les siens. De ce fait, elle est apte à en faire absolument ce qu'elle veut. Les étendre, les ramollir, les briser, les réparer. N'allez pas croire que c'est indolore, la douleur est la même que lors de n'importe quelle sensation "naturelle" de ce genre.

∆ INVENTAIRE : 1 - Un sabre.
C’est à s’en demander pourquoi. Pourquoi tu continues, pourquoi tu avances, pourquoi tu te lèves, pourquoi tu t’acharnes à vivre alors que tu ne portes aucun réel intérêt à ton existence. Peut-être tout simplement parce que tu es bornée. Totalement butée. Non, tu ne vis pas par désir. Plutôt par culpabilité. Parce que tu as laissé trop de sang couler, parce que tu as besoin de le regretter. Ces marques sur ton corps ne seront jamais assez, et pourtant il y en a déjà trop. Mais tu ne peux pas t’en empêcher, pas vrai ? Non. Bien sûr que non. C’est plus fort que toi. Il faut que tu continues à détruire, à faire hurler, à déchirer. Il faut que tu continues à tuer, auquel cas tu finirais toi-même par te suicider. « J’ai besoin d’une raison valable pour justifier ce que je fais. » Non, il n’est pas question de meurtres, plutôt du fait que tu as la fâcheuse tendance à toi-même te faire mal lorsque tu infliges le coût de ta folie aux autres. Plutôt du fait que plus d’une fois, par culpabilité envers ceux que tu as tués, tu t’es brisée les os, volontairement. Pas assez pour mourir. Juste ce qu’il fallait pour regretter. Pour te persuader de ne plus recommencer. Mais ça n’a jamais marché.

Mais non, tu n’es pas masochiste. Plutôt torturée, déboussolée, perdue, tu marches à reculons, parce que tu ne sais plus où aller. Un peu comme une lionne en cage. Et tu ne peux que les regarder, le visage empreint de cette froideur qui te caractérise, de ta férocité. Bien que ce ne soient là que des moyens de te préserver. Tu es farouche. Un peu trop, beaucoup trop. Allan le sait. Mais il a osé t’aimer. Alors tu as voulu essayer, toi aussi. Voir ce que ça faisait. Et tes gémissements de douleur lors de tes nuits de violence sont devenus rires fugaces mais bien présents. Ton visage en vient parfois à s’étirer en un léger sourire, et tes yeux ont abandonné leur inhumanité pour une tendresse que tu ne retrouves que lorsque tu te plais à le regarder. Parce qu’au-delà de ta cruauté et de ta décadence, tu ne peux qu’aimer, Savanah. Tu ne peux que l’aimer, lui. « Je suis faite pour ça. » Et la raison est d’autant plus évidente que surprenante : tu as un cœur. Bel et bien là. Et il te fait mal. Tu souffres de le malmener, tu ne voudrais qu’aimer, mais ce simple fait t’apporte encore trop de difficultés.
Check plus bas 'u'.
« Ne me touche pas. »

Et tu entends ta voix. Rauque et basse, saccadée par ton souffle coupé contre tes lèvres gercées. Tu t’entends gémir, alors qu’un désagréable goût métallique se répand sur ta langue, pour mieux te donner la nausée, pour mieux te faire pleurer. Parce que oui, tu pleures. Ton teint presque grisâtre est ravagé par les larmes que tu tentes de contenir sous tes paupières voilant tes iris d’un bleu intense mais éteint, soulignés par des cils justes assez longs pour ne pas nécessiter d’être maquillés. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, tu ne te maquilles pas.

« Ne me touche pas ! »

Encore une fois, tu t’entends gémir. Encore une fois, un flot perpétuel de pleurs va ravager ta peau alors que tes doigts trop fins vont empoigner la cascade de tes cheveux blonds pour les agripper. Tu les sens se coller à tes genoux, rendus sales par le sang, mais tu es trop amorphe pour réagir. Trop dépassée, trop perturbée. Tes mains se resserrent, un peu plus, et tu ne peux que fixer le sol d’un air totalement perdu, les yeux grands ouverts, jusqu’à ce que tu t’y retrouves écrasée, face contre terre. Mais tu respires, encore. Tu n’es pas morte. Pas encore.

« Ne m’approche pas. »

Tu ne veux pas qu’il te voie, qu’il te regarde, qu’il te soutienne. Il n’aurait aucun mal à le faire, tu le sais. Malgré ta poitrine généreusement marquée à l’instar de tes hanches, ta silhouette est d’une maigreur presque alarmante. Alors non, il n’aura aucun mal à te relever. Et comme pour lui montrer que tu refuses son aide, que tu n’en veux pas, tes genoux vont rencontrer ton buste pour que tu puisses mieux te recroqueviller sur toi-même, les yeux clos. Pour l’heure, c’est à peine si l’on peut concevoir ta silhouette fine et élancée, ta taille remarquablement élevée, ta démarche rapide et assurée. Non, pour l’instant on ne peut que voir les nombreuses marques enlaidissant ta peau uniquement vêtue de sous-vêtements eux-mêmes tâchés de sang. De ton sang. De son sang. Mais tu n’es pas morte. Pas encore. Tu vivras, longtemps, peut-être assez pour regretter.

Parce qu’aujourd’hui, tu as perdu la seule chose qui, à tes yeux, t’aurais confortée dans l’idée de ton humanité. Aujourd’hui, tu as perdu le droit de te prétendre future maman.
Derrière l'écran
∆ PSEUDO : texte ici
∆ ÂGE : texte ici
∆ MÂLE OU FEMELLE : texte ici
∆ PERSONNAGE DE L'AVATAR : texte ici
∆ TU NOUS AS TROUVÉS COMMENT ? texte ici

∆ DES SUGGESTIONS ? texte ici
∆ LE MOT DE LA FIN : texte ici
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MessageSujet: Re: ∆ Don't touch me.   ∆ Don't touch me. EmptyMer 12 Nov - 22:28



CHAPITRE I.

J’avais passé ma vie à pleurer. À me lamenter, à me plaindre de ce que je possédais, parce que j’estimais ne pas en avoir « assez ». Alors mon enfance s’était déroulée entre caprices et égoïsme. Entre cris et pleurs infondés. Et pourtant, j’étais une enfant gâtée, aimée, entourée de deux parents qui me donnaient toujours ce que je voulais. Mais je n’avais compris qu’après qu’ils ne le faisaient que parce que j’étais atteinte d’une maladie qui déformait mes os sans que je ne puisse réellement en réchapper.

Juin, quelques mois avant mon septième anniversaire.

- Savanah, ma chérie, tu vas avoir une petite sœur.

J’avais eu du mal à assimiler la nouvelle. Pas parce que je ne l’acceptais pas. Plutôt parce que je ne m’y attendais pas. À cette époque, j’avais le mérite de l’enfant unique, la chance de pouvoir exiger toute l’attention de mes parents, mais plutôt que de hurler, cette petite sœur, je l’avais acceptée.

- Elle s’appellera comment ?
- Comment est-ce que tu veux qu’elle s’appelle, mon cœur ?

J’avais réfléchi, un court instant. Plus pour faire languir ma mère en la regardant d’un air espiègle que parce que je me concentrais, à vrai dire. Et finalement, j’avais souri en lui faisant signe de se baisser, pour chuchoter à son oreille.

- Loen.
- Très bien, moi ça me va.

À ce moment-là, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait. Les quelques mois restants précédant la naissance de ma sœur avaient été bercés par la tendre et une attente impatiente. Je ne tenais plus en place, au point de marquer sur un calendrier le nombre de jours approximatif qu’il me restait avant de pouvoir me vanter d’avoir une cadette. Elle n’était pas encore arrivée que je projetais déjà de lui donner mes poupées, de lui raconter les vieilles histoires de George le phoque et de Spouky le tigre, qui n’étaient en réalité que des doudous que je n’avais jamais voulu lâcher. Elle ne faisait même pas parler d’elle que je prévoyais de dormir avec elle pour la protéger des monstres qui se cacheraient sous son lit. J’étais naïve. Sotte et niaise à souhait. Cette enfant aurait fini par devenir mon cauchemar.

&&&.

- Savanah ! Chérie, viens vite !

J’avais cru qu’elle arrivait. Alors tout bêtement et non sans manquer de me lamentablement me vautrer, je m’étais précipitée vers ma mère pour me jeter sur le canapé à ses côtés, les yeux rivés sur son ventre qui, au fil des semaines, ressemblait un peu plus à un ballon de baudruche.

- Elle arrive ?!
- Non, mon cœur, pas encore. Mais regarde, mets ta main, elle a bougé.

Mes sourcils s’étaient haussés sous la surprise, mais je m’étais exécutée. Ma main s’était glissée contre l’abri de ma jeune sœur avant que je ne couine en la sentant s’agiter. Et j’avais rigolé. Bêtement, avant d’aller poser ma tête contre ce ventre où j’avais moi-même séjourné.

- Viens vite, Loen. George et Spouky t’attendent.

Ma mère avait rigolé, elle aussi. Tendrement, alors que ses doigts se glissaient dans mes cheveux pour mieux m’aider à m’endormir près d’une cadette dont je n’étais séparée que par quelques centimètres de peau. Tu vois, Loen. Tu n’étais pas encore née que je t’aimais déjà. Et pourtant, désormais, je ne peux que le regretter. J’aurais dû te haïr à l’instant même où m’a annoncée ton arrivée.

&&&.


Mon anniversaire était arrivé une semaine avant la date prévue pour l’accouchement. Et je trépignais, je ne tenais plus en place, je parlais même de « garder une part de gâteau pour Loen quand elle sera rentrée ». Mais quand bien même je l’aurais fait, elle n’aurait pas pu le manger. Quand bien même j’aurais mis un morceau de ce fondant au chocolat de côté, il aurait juste pourri dans un coin du frigo puisque j’aurais interdit à qui que ce soit d’y toucher. Alors non sans tirer une moue déçue, j’avais dévoré ce qu’il en restait en compagnie de mon père, qui me regardait sans pouvoir s’empêcher de rire de la tronche que je tirais.

- Savanah, mon cœur, l’année prochaine, elle pourra en manger.
- Oui mais ce ne sera pas le même gâteau…
- Alors nous reprendrons un fondant, ça te va ?

Je l’avais regardé un moment, incrédule, avant d’opiner. J’y avais cru, évidemment. J’avais toutes les raisons d’y croire. Ma vie ne pouvait pas être plus belle à cet instant. J’allais avoir une petite sœur, et tant pis si je perdais de ce fait une dose d’affection de mes parents. J’allais enfin pouvoir avoir quelqu’un avec qui partager ce que j’avais en sachant pertinemment qu’elle me comprendrait.

Et les jours suivants m’étaient apparus comme affreusement longs. J’en venais à m’épuiser la journée pour me coucher plus tôt et espérer me réveiller le matin où elle arriverait. Je traînassais dans mes draps comme si ce simple fait permettait au temps de plus vite s’écouler. Jusqu’à ce que ce le Jour-J soit finalement arrivé.

- Savanah, on a appelé la voisine pour s’occuper de toi. Sois sage, d’accord ? Je serais là demain matin.

J’avais accepté, sans rechigner. Parce qu’une fois de plus, je trépignais. Parce qu’à nouveau, je ne tenais plus en place. Mais lorsque la voisine était arrivée, je n’avais plus bougé. Tout bêtement, j’avais cru que si je restais sage, Loen arriverait plus vite. Bêtement, je m’étais dit que si je me contentais d’attendre tout patiemment, le temps lui-même passerait plus vite. Et pourtant, lorsque j’avais descendu les escaliers à toute vitesse le lendemain, mon père tenait sa tête entre ses mains, le regard vide et fatigué.

&&&.

- Tu… Loen ne viendra pas à la maison maintenant, Savanah.
- Pourquoi ?
- Parce qu’elle ne peut pas.
- Pourquoi ?
- Parce que c’est comme ça.
- C’est injuste.
- Tais-toi.
- Non ! Non ! Non ! Non ! C’est injuste ! Je voulais la voir ! C’est ma petite sœur ! Je veux la voir !
- Mais tu ne la verras jamais ! Elle est morte-née. Elle était encore dans le ventre de ta mère qu’elle ne vivait déjà plus ! Loen est ne viendra JAMAIS.

À cet instant, les informations s’étaient bousculées dans ma tête, s’étaient entremêlées. Alors j’avais tapé des pieds, en enfant capricieuse que j’étais. J’avais hurlé. Un cri strident qui démontrait bien que je n’étais pas d’accord, mais il n’avait pas bougé. Il était resté là, amorphe, et moi je m’étais ruée dans ma chambre pour me jeter sur mon lit en répétant incessamment que c’était injuste. A cet instant, je crois que je ne l’avais tout simplement pas réalisé. Je n’avais pas réussi à accepter le fait que cette sœur que j’avais tant attendue, au final, je ne la verrais jamais. Mais même morte, elle avait réussi à foutre en l’air mon existence dans son intégralité.

CHAPITRE II.


Ma mère était rentrée quelques jours après, comme si de rien n’était. Elle souriait, comme si tout allait. Mais je n’avais plus l’impression qu’elle était en mesure de me regarder. À partir de là, mes parents ont commencé à se disputer, souvent. Je ne comprenais pas la moitié de ce qui était dit, mais un soir, mon père était parti. L’affaire d’une heure, ou deux. Le temps pour ma mère de monter dans ma chambre et de me regarder un long moment, l’air de ne pas comprendre pourquoi j’étais là, sous son nez. Comme lorsqu’elle me regardait en me demandant ce que je faisais.

- Loen ?

Je n’avais pas compris, là non plus. Pour aussi stupide que j’étais, j’avais tout simplement secoué la tête en lui souriant.

- Mh mh. Moi c’est Savanah, maman !
- … Mais, je n’ai qu’une fille : Loen.

Elle était devenue folle. Totalement perturbée par la perte d’une fille qu’elle désirait enfanter. Et à ce moment-là, j’avais cessé d’exister aux yeux de ma génitrice. Comme si mon existence elle-même avait été balayée.

- Je ne veux pas qu’elle aille à l’école.
- Pourquoi ça ? Il faut bien qu’elle ait une éducation, non ? Elle a pris assez de retard comme ça, tu ne crois pas ?
- Et s’il lui arrivait quelque chose, là-bas ? Elle est fragile, tu le sais. On ne peut pas laisser sa maladie de côté.
- Chérie, elle a huit ans, elle saura faire attention si on lui explique les choses correctement.
- Elle peut aussi prendre des cours à domicile.

Et finalement, il avait été décidé que je ne serais pas scolarisée. Mes cours se passaient chez moi, la plupart du temps, sans que je ne daigne vraiment m’y intéresser. Et puis, elle venait, me caressait les cheveux et me demandait d’être sage, de me concentrer. Alors je m’exécutais, parce que je n’avais que ça pour lui faire plaisir. Parce que petit à petit, mon père lui-même avait fini par l’abandonner. Jusqu’au jour où il était définitivement parti.

Je n’avais pas eu la force de l’écouter hurler, de l’entendre lui supplier de rester. Je n’avais que dix ans lorsqu’il était parti. Mais finalement, là où mon père avait eu la lâcheté de jouer son rôle, j’avais du réparer ce qui avait été brisé.

&&&.


- Loen ? Tes cheveux sont longs, il faudrait les couper.
- … Ca te ferait plaisir, maman ?
- Hein ?
- Est-ce que tu as envie de me couper les cheveux ?
- Pas forcément. Je te trouve aussi jolie les cheveux longs que courts. Tu as le visage de ton père.

Et à cet instant, à la façon dont elle m’avait regardée, j’avais compris que malgré sa folie, elle regrettait. J’avais été en mesure de voir que quand bien même elle souriait, elle pleurait de ce mari qui avait fini par l’abandonner. Mais je n’avais pas bougé, je l’avais seulement regardée.

- On ne les coupera pas, d’accord ? Je veux voir jusqu’où ils peuvent pousser. On s’amusera à les mesurer tous les mois, ça te va ? Ce sera amusant.
- … Oui, maman.

Je n’avais pas encore compris que plus elle s’adoucissait, plus son aliénation s’intensifiait. Mais les choses avaient continué comme elles avaient commencées.

Ca avait duré trois ans, à peu près. Moi, j’avais fini par m’y habituer. Je me faisais à l’idée qu’elle ait fini par m’oublier. J’avais accepté de n’exister qu’en tant que Loen, et avec le temps, je le prenais plutôt bien. Assez bien même. Parce qu’au moins, elle souriait.

- Tu veux du gâteau à la fraise, pour le dessert ?
- Oui. Attends, je vais venir t’aider.

J’avais approximativement treize ans et demi, à cette époque. Les relations avec ma mère s’étaient améliorées, vaguement. Il nous arrivait de partager certaines choses ensembles, autres que ses regrets. Il nous arrivait de rigoler, de regarder la télé en s’empiffrant de glace et de chocolat. Et j’avais fini par me perdre dans le rôle de Loen. Peu à peu, j’avais écrasé Savanah pour faire le bonheur de ma mère, au détriment du mien. Mais à cette époque, je le vivais bien.

&&&.


Tout avait réellement dégénéré un an après. Quand mes mensonges ne suffisaient plus, quand elle avait commencé à s’automutiler, à se lacérer le ventre en pleurant sur le sol de la cuisine et en hurlant qu’elle était un monstre, qu’elle avait été incapable de « sauver son bébé ». Et même moi, Loen, j’avais fini par lui échapper.

- Qui es-tu ? Qu’est-ce que tu fais là ?
- Je suis ta fille, tu ne te rappelles pas ?
- Mes deux filles sont mortes ! Et je n’ai rien pu faire pour les sauver. Même mon époux m’a abandonnée…

Ca avait été comme une gifle. Mais je n’avais pas pleuré. Parce que j’avais oublié comment pleurer. Alors je l’avais regardée, longuement, sans oser la toucher. Je l’avais observée s’autodétruire, se marquer, s’abîmer. Jusqu’à ce qu’elle se calme, jusqu’à ce qu’elle me regarde d’un air perdu et déboussolé.

- Savanah, qu’est-ce que tu fais encore debout à cette heure-ci ?

Et je sentais mes tripes remonter, se tordre, se serrer. Je sentais mes jambes flancher alors que mes mains tremblaient, alors que je pâlissais. Mais elle, comme d’habitude, elle souriait.

- Rien, maman. Viens, on va te nettoyer.
- Pourquoi est-ce que je saigne ?
- Je n’en sais rien, maman. Viens.
- J’ai perdu mon bébé ?

Je n’avais pas eu la force de l’écouter alors je l’avais assommée. D’un coup sec, sans plus chercher à savoir si oui ou merde j’étais en droit de faire ce que je faisais. Toujours est-il que je l’ai ensuite soulevée pour la ramener dans son lit et entreprendre de la nettoyer, avant de la changer et de retourner moi-même me coucher. Mais cette nuit-là, je n’avais pas dormi. Comme toutes celles qui avaient suivies. J’avais continué à l’observer, à m’accroupir près d’elle, à l’empêcher de se suicider. À l’écouter divaguer, me regarder, caresser mon visage et pleurer en m’appelant par un prénom que j’avais finalement oublié.

- Savanah, il faudra qu’on aille chez le médecin, bientôt.
- Pourquoi ?
- Tu grandis à une vitesse ahurissante, ce n’est pas forcément bon pour tes os, mon ange.

Je n’y avais jamais réellement prêté attention. Mais à 1m63 pour seulement quatorze ans et demi, j’avais effectivement peut-être de quoi m’inquiéter.

- Qu’est-ce que j’ai, d’ailleurs, comme maladie ?
- Je n’en sais rien. Ils nous ont juste dit que tes os se déformaient étrangement, comme s’ils étaient susceptibles à bouger à peu près n’importe comment.
- Tu ne t’es jamais dit qu’il y avait peut-être une raison plus irrationnelle à ça ?
- … Laquelle, mon ange ?
- En principe, une maladie de ce genre aurait dû me causer plus de problèmes que ça. Surtout si elle a été remarquée dès ma naissance. Mais il me semble que je n’aie jamais eu à être opérée ou quoi que ce soit. C’est peut-être lié à un don, maman. Papa en avait un, non ?
- Non.

Ca avait été catégorique. Net. Sans appel. Mais je m’y attendais. Elle n’avait jamais accepté le fait que mon père lui-même fût un doté, parce qu’elle avait peur que cette « chose qui venait du diable » finisse par le consumer. Et concevoir que sa chère fille « unique » puisse mourir de la sorte n’était pas quelque chose qu’elle aurait été en mesure d’accepter.

- Loen, ne dis plus ce genre de choses-là, d’accord ? C’est très attristant pour moi.

Je n’avais pas insisté, bien plus parce que j’étais perturbée de la voir aussi vite m’oublier que parce que le sujet ne me tenait pas à cœur. Et au final, le médecin, c’était pour elle que nous y étions allées.

&&&.


- Je n’avais jamais réellement vu de cas comme le sien. Enfin, ma femme souffrait des mêmes délires, à la fin.
- À la fin ?
- Avant que tout ne lui revienne, d’un coup, et qu’elle finisse par se suicider parce que sa culpabilité l’avait rongée.

Inconsciemment, je m’étais mise à espérer que non, rien ne lui reviendrait. Qu’elle recommencerait à me voir comme Loen, que tout s’arrangerait. Alors je l’efforçais à me voir comme telle, sans résultat concluant. Parce que la seule fois où je l’ai reprise lorsqu’elle m’a appelée par mon véritable nom, elle s’est effondrée. Et moi je n’avais pu que m’en vouloir un peu plus, parce que j’aidais à sa destruction quand bien même je ne voulais que son bonheur.

CHAPITRE III.


- Loen ? Qu’est-ce que tu fais ?
- J’essayais mon nouveau soutien-gorge.
- Depuis quand est-ce que tu en portes ?
- …Depuis que j’ai treize ans, maman.
- Oh… Je n’avais pas remarqué que ton corps avait autant changé. Tu en es au combien ?
- Ca devient gênant.

Elle m’avait regardée, sans se démonter, l’air amusé, et j’avais roulé des yeux avant de tout naturellement lâcher :

- 36C.
- Tu te développes à une vitesse hallucinante, tu sais ?
- J’ai bientôt quinze ans, maman.

Et elle avait haussé les sourcils, l’air interloqué, avant de se mettre à pleurer. Là, elle avait commencé à débiter un flot incroyable d’inepties quant au fait qu’elle n’avait pas vu le temps passer, qu’elle avait été une mauvaise mère, et de multiples choses auxquelles j’aurais préféré ne jamais être confrontée.

- Maman, calme-toi, ce n’est pas grave, tu sais. Ca a dû t’échapper, ça arrive.
- Mais j’ai l’impression qu’hier encore tu avais sept ans. J’ai l’impression qu’entre cette fois où je t’ai vu et maintenant, l’écart est incroyablement grand. Comme si, pendant toutes ces années, j’avais été totalement déconnectée.

J’avais compris seulement après que « ça » arrivait. Lorsqu’elle s’était jetée à mes pieds pour pleurer, j’avais uniquement été apte à reculer sans arrêter de la regarder.

- Relève-toi, qu’est-ce que tu fous ?!

Et elle avait commencé à battre son front sur le sol en murmurant un nombre incalculables d’excuses, avant de hurler. Avant de pleurer, avant de se relever pour me regarder d’un air déboussolé, dévasté. Mais une fois de plus, je n’avais pas laissé couler l’ombre d’une larme. Parce que c’était quelque chose qui m’avait échappée, à l’instar de mon identité.

- Savanah…
- Quoi ?
- … Je n’ai qu’une seule fille, c’est toi.

Mon cœur avait raté un battement, puis deux, et à mon tour, j’avais hurlé lorsqu’elle s’était précipitée dans les escaliers pour se ruer dans la salle de bain. Et plutôt que de prendre la peine de les dévaler, je m’étais hissée par-dessus la rambarde non sans manquer de me vautrer pour ensuite la rattraper. Une fois de plus, elle m’avait regardée. Une fois de plus, elle avait souri, alors que je reprenais maladroitement mon souffle sans la lâcher des yeux, les joues rougies.

- Quelque chose ne va pas ?
- … Quoi ?
- J’avais oublié de surveiller le dîner, tu me disais quelque chose, Savanah ?
- …Non, maman. Non je ne te disais rien.

Et durant plusieurs heures, elle avait alterné entre hystérie et calme plat. Durant plusieurs heures, elle m’avait supplié, avait pleuré, avant d’aller surveiller un repas qu’elle n’avait même pas préparé. Jusqu’à ce que tout revienne, d’un bloc. Jusqu’à ce qu’elle finisse par craquer.

- … Je t’ai abandonnée, pas vrai ?
- …
- Loen… Elle est morte-née. Et c’est à cause de ça que j’ai fini par te mettre de côté, pas vrai ?
- …
- Tu ne m’en veux pas ? Même pas un peu, Savanah ?
- Non, maman. Non, je ne t’en veux pas.
- Mais moi si… Je suis passée à côté de trop de choses, je ne t’ai pas vue grandir, je ne te connais même pas. Je ne suis même pas sûre d’être en droit de te considérer comme ma fille, tu n’avais pas à voir tout ça… Et je ne pourrais pas vivre comme ça… Non, je ne pourrais pas.

Elle avait recommencé à divaguer, à parler toute seule, à pleurer, à aligner les mots sans qu’ils n’aient de sens. Et finalement, je lui avais ouvert mes bras, pour qu’elle s’y jette et qu’elle pleure contre moi. Cette fois-là, c’était moi qui avais glissé mes doigts dans ses cheveux pour l’aider à s’apaiser avant de s’endormir. Mais elle, elle ne s’était jamais réveillée. Parce qu’au final, non, je n’essayais pas de nouveau soutien-gorge. Je m’étais juste changée pour éviter de le déchirer. Mais c’était bel et bien ce que je pensais, j’étais dotée, pas simplement malade.

- Je suis désolée, maman.
- Pour…

Des mots qui étaient restés en suspensions comme le sang qui s’écoulaient cruellement de ma côte pour s’écraser dans un bruit désagréable sur le parquet.

- Parce qu’au final, je t’aurais tuée avec un don que tu aurais préféré éviter de me voir posséder.

Et j’avais doucement repoussé son cadavre du mien, sans oser la regarder, sans oser ouvrir mon cœur pour le laisser me submerger et déverser tout ce qu’il ressentait. Malgré mes entrailles retournées, je m’étais relevée, malgré les larmes qui roulaient dans mes yeux, j’avais levé la tête et j’étais allée chercher de quoi m’en aller. Ce jour-là, pour la première fois depuis longtemps, je m’étais effondrée. J’avais pleuré, hurlé. Longtemps. Peut-être même un peu trop. Mais je n’avais pas réussi à le supporter. Quand bien même je lui en voulais. Quand bien même j’avais eu du mal à la considérer comme ma mère au cours de ces précédentes années, je n’avais pas pu l’accepter.

&&&.

J’avais quitté le Texas peu après. Sans trop savoir où j’allais, ni ce que je faisais. J’avais assez d’argent sur moi pour m’en sortir quelques jours, mais je n’avais aucune envie de devoir me retrouver à mendier ou à me prostituer lorsque je n’aurais plus de quoi m’offrir ne serait-ce qu’un soda. Alors j’avais visité tous les bars et restaurant, à la recherche d’un emploi quel qu’il soit, sans réel succès. J’avais erré, un moment, sans réellement savoir où j’allais, ce que je faisais, pourquoi je le faisais, assassinée par la seule pensée du fait que si je rentrais, plus personne ne m’accueillerait. À la seule pensée de ma mère, à qui j’avais arraché la vie parce qu’elle avait renié la mienne. Parce qu’elle avait fini par en devenir folle. Parce que par crainte de la voir sombrer, j’avais préféré la tuer.

- Putain mais eh, regarde où tu vas !
- Boucle-la.

Je m’attendais à sentir le coup venir. J’étais même presque certaine de me faire tabasser, mais la douleur n’était jamais venue. À la place de ça, j’avais été confrontée à une paire de deux grands yeux gris qui m’avaient arrachée un frisson que je n’avais pas su qualifier d’agréable ou de dérangeant.

- T’es pâle comme un mort, ça va ?

Nouveau frisson. Et j’avais eu envie de lui envoyer mon poing dans le coin de la gueule mais je m’étais contenue.

- Pis pourquoi t’es maigre comme ça ?
- Pourquoi tu t’mêles de ce qui ne te regarde pas ?
- Parce que j’ai failli te rentrer dedans avec ma bagnole et qu’à défaut de l’avoir fait, j’aimerais au moins savoir pourquoi ça a failli arriver.
- … J’étais perdue dans mes pensées.
- Et ça te prend souvent de marcher en pleine rue, à vingt-trois heures passées pour réfléchir au pourquoi du comment certaines choses sont arrivées ?
- …Je n’ai pas le choix.

Il n’avait rien dit. Au lieu de ça, il s’était emparé de mon bras et m’avait entraînée jusqu’à sa voiture pour me jeter sur le siège passager. Moi ? J’avais uniquement grimacé, parce que je refusais de sentir qui que ce soit me toucher. Je ne savais pas où il comptait m’emmener, mais je n’avais plus rien à perdre, alors je m’étais gardée de rechigner.

- Je sais pas qui t’es, ni même si t’es une totale cinglée ou un truc dans le même genre. Mais je me sentirais coupable de te laisser traîner toute seule comme ça alors que t’as pas l’air dans ton état normal.
- …
- Tu t’appelles comment ?
- Savanah.
- Jared.

Je n’avais pas cillé. Parce qu’il n’y avait rien à dire, parce que je n’avais pas à relever. Alors j’avais arrêté de parler, de bouger, je l’avais laissé m’emmener sans me soucier de ce que je risquais. Sans prendre en compte le fait même que ma mère m’ait un jour dit de ne pas me frotter à des inconnus.

CHAPITRE IV.


Je vivais chez lui depuis deux semaines à peu près. Ou tout du moins, il m’empêchait de partir en s’évertuant à me faire comprendre que je ne le dérangeais pas, qu’il aimait mieux que je tire un peu moins la tronche si je devais partir, qu’il n’était pas rassuré à l’idée même de me voir sortir. Et moi je ne comprenais pas. Ma vie sociale s’était limitée à ma mère durant ces quatre dernières années. J’avais quinze ans, mais je ne savais pas ce que je faisais, ce que je devais faire, ce dont je devais m’inquiéter.

- Tu veux grailler quoi ce soir ?
- Ce que tu veux.
- Si j’te demande c’est justement parce que je sais pas ce que je veux.
- On peut commander des pizzas.
- …Oh pas con ! J’ai de la bière en plus, ce sera parfait !

Je l’avais regardé, interloquée, mais je m’étais gardée de lui avouer que je n’avais jamais touché à l’once d’un milligramme d’alcool dans ma vie. J’en avais honte, indéniablement. Et lorsque les pizzas étaient arrivées, je m’étais contentée de me poser dans le canapé en attendant patiemment qu’il vienne s’installer.

- Tiens.

J’avais jeté un coup d’œil vague à la boisson qu’il me tendait, avant de les relever vers lui.

- Quoi ? T’as jamais bu de bière ?
- …
- …Noooon, sérieux ?!

Et comme prévu, Jared avait éclaté de rire, alors que moi, par mauvaise foi comme par fierté, j’avais attrapé la canette qu’il m’avait précédemment donnée pour en descendre la moitié. J’avais grimacé, dégoûtée par le goût infect que ça avait, mais je ne m’étais pas arrêtée. La soirée s’était déroulée entre parts de pizzas échangées, discussions vagues et cadavres de bières sur le parquet. Jusqu’à ce que j’en aie la tête qui tourne.

- J’vais pisser.
- Putain, tu tiens d’bout ? Waaah. Pour une première fois, sérieusement, bien joué !
- Je suis texanne.

Je n’avais absolument pas compris pourquoi j’avais utilisé ce point pour me justifier. Pourtant, après ça, il s’était contenté de me relancer à chaque fois qu’il buvait. De m’entraîner avec lui dans ses soirées « à deux » qu’il voulait passer devant la télé à enfiler de l’alcool en fixant la télé comme deux crétins éclatés. Il riait. Et moi je le regardais.

Novembre, peu après mes seize ans.

Un an après, je n’avais toujours pas bougé de chez lui. Il avait même réussi à me dégoter un petit job alors je me débrouillais pour l’aider à payer ce qu’il fallait, même s’il le refusait.

- JaredJaredJaredJaredJaredJaredJared. JARED !
- Quoiiiiii putain ?! Je suis là !
- J’ai besoin d’aller à la supérette !
- Pourquoi foutre ? J’ai fait les courses hier.

Je l’avais regardé, l’air honteux et désespéré, avant de baisser les yeux vers mon pantalon.

- …Oh.

Il avait rougi, violemment. Et j’avais senti toute ma gêne s’envoler. Mon visage s’était à nouveau fermé. Alors que pour une fois, j’avais daigné laisser autre chose que de l’indifférence s’y montrer. Ca n’avait rien de plus spécial qu’un autre moment, rien de plus particulier. J’avais eu mes premières menstruations et il m’avait regardée comme si j’étais un alien avant de détaler en vitesse pour me chercher ce dont j’avais besoin. Mais pour la première fois depuis longtemps, je me sentais « bien ». Pour la première fois depuis un long moment, j’avais l’impression d’être quelqu’un. Et il n’était pas question que ces petites choses inutiles qui faisaient mon quotidien, plutôt de cette façon qu’il avait de me considérer, de me sourire, de me regarder. J’avais seize ans, il en avait vingt-et-un.

&&&.


Petit à petit, nous avions commencé à un peu plus nous parler. Mais je n’avais jamais osé lui avouer ce que j’avais vécu, ce que j’avais fait. Sans réellement savoir pourquoi, j’avais préféré qu’il continue à simplement me voir comme une adolescente perturbée. Je voulais qu’il continue à me sourire d’un air taquin. Cette façon qu’il avait de me dire que j’étais jolie, pour m’embêter, je voulais la préserver. Et peu après, c’était la façon qu’il avait de me toucher, que j’avais voulu garder.

- Tu es jolie, Savanah.
- Boucle-la, Jared, il est trois heures du matin et on est totalement cuits.
- J’suis sérieux, j’te trouve vraiment jolie.
- Ah.

Ce soir-là, il s’était penché sur moi pour m’embrasser. Et alors que j’aurais dû le repousser, j’avais uniquement été capable de céder, de lui céder. De m’abandonner à lui sans réellement chercher à savoir si oui ou merde ce que je faisais était « correct ». Et quand bien même ça ne l’aurait pas été, je ne l’ai jamais regretté. Quand bien même je m’en voulais de le laisser me toucher et me serrer contre lui, je n’ai jamais éprouvé le moindre remord à l’avoir fait. Parce que nous n’étions pas allés plus loin que les étreintes et les baisers, parce que nous avions seulement rigolé sans réellement savoir pourquoi, lorsque nous nous étions effondrés. Je n’avais aucune raison de le regretter parce que ce corps sali par un sang qui n’était pas le mien, bien que je l’eus lavé, il ne l’avait pas vu, ni touché.

&&&.

- Tu sais, à propos d’hier…
- Si tu veux qu’on fasse comme si de rien n’était, ça me va.
- C’est pas ce que je veux dire, laisse-moi parler. Je voulais pas que les choses se passent comme ça. Tu m’intéresses, vachement, c’est pas un fait dont je peux me cacher. Tu me plais même carrément, mais ton âge m’a toujours bloqué. Hier, l’alcool a vachement aidé, mais je veux pas t’obliger à quoi que ce soit, je veux surtout pas que tu croies que je veuille juste profiter de toi. C’est beaucoup plus que ça, et puis…
- Tais-toi. Tu parles pour rien dire, Jared. J’ai compris.

Il m’avait lancé un regard qui en disait long sur ce qu’il pensait. Moi ? J’avais ricané, parce qu’au final, ce qu’il avait à dire, je m’en fichais. Au final, je voulais simplement qu’il soit plus apte à me le montrer qu’à m’en parler. Alors j’étais allée me caler contre lui. Et le goût d’un baiser sans celui de l’alcool était étrangement plus agréable.

Septembre, peu avant mes dix-sept ans.

- Alleeeeeer, dis-le !
- C’est mort, Jared, tu peux crever !
- S’te plaît ? Juste une fois ?
- J’ai dit non.

À ce moment-là, le regard qu’il m’avait lancé m’avait complètement déboussolée. Et je n’avais pas cillé lorsqu’il m’avait attrapée pour me poser sur ses genoux. Pas plus lorsqu’il avait commencé à déposer de multiples baisers sur mes joues.

- Alleeeer. Une seule fois et j’arrête promis !

J’avais roulé des yeux, mais je rigolais. Avec lui, j’avais retrouvé comment faire pour sourire et m’amuser. Mais je n’avais pas réellement l’impression de l’aimer, sauf que je m’en persuadais.

- C’est bon, c’est bon, t’as gagné.
- Sérieux ?
- Oui, Jared. Je t’aime.

Alors il m’avait embrassée comme jamais, en avait certainement même pleuré. Et ce jour-là, je m’étais donnée à lui, entièrement. Ce jour-là, je m’étais unie à lui comme si ce simple geste aurait pu me persuader du fait que je l’aimais. Ca non plus, je ne l’ai jamais regretté.

&&&.

Tout s’était déroulé à merveille durant encore trois ans. Petit à petit, mes « Je t’aime » avaient fini par ne plus nécessiter d’être demandés. J’avais fini par m’attacher à lui, aussi, par avoir besoin de lui. Je l’avais aimé. Peut-être pas assez, mais je l’avais aimé. Et j’avais approximativement vingt ans lorsqu’il m’avait emmenée chez le médecin après un malaise survenu lorsque nous étions allés nous balader dans le parc d’à côté. Le diagnostic avait été net, clair, presque instantané.

- Vous êtes enceinte.

Et mon sang n’avait fait qu’un tour dans ma poitrine. J’avais voulu pleurer, hurler. Cette grossesse, je la refusais. Mais plutôt que de m’effondrer, j’avais regardé Jared, l’air désolé, alors que lui semblait aussi heureux que si on venait de lui annoncer la plus merveilleuse nouvelle de sa vie. En soi, ça l’était, mais il ne me l’avait jamais dit.

- Depuis combien de temps ?
- Vous en êtes très certainement à deux mois, vous n’aviez pas remarqué l’arrêt de vos menstruations ?
- Je n’y ai jamais réellement prêté attention.
- C’est la première chose à faire lorsqu’on a une vie sexuellement active, mademoiselle.

Mais je ne l’écoutais déjà plus. Parce que j’avais un mal fou à encaisser la nouvelle, à accepter le fait que je puisse moi être maman. Parce que je refusais d’infliger à un enfant ce que ma mère avait pu m’infliger. J’avais peur, j’étais terrorisée, et plus que tout, je ne me sentais pas assez humaine pour enfanter. J’étais jeune. Un peu trop. Beaucoup trop. Je n’avais que vingt ans.

Et même sur le chemin du retour, je n’avais pas parlé, quand bien même Jared me serrait doucement la main pour attirer mon attention. Je n’étais pas prête à avoir ce bébé.

- Avorte.
- … Quoi ?
- Si tu n’en veux pas, ne le garde pas.
- Jared…
- Je ne veux pas t’obliger à quoi que ce soit. Evidemment que oui, je serais heureux d’être papa, surtout si c’est un enfant de toi. Mais… Je ne veux pas mettre mon bonheur en avant au détriment du tien. Alors, fais ce qui te convient le mieux, à toi.
- C’est une décision qui se prend à deux, Jared. Et c’est très vexant que tu me dis d’avorter, comme ça… J’ai vu assez de sang couler.

Pour la première fois de ma vie, j’avais trop parlé. Mais il n’avait pas relevé, pas avant que nous ne soyons rentrés. Et une fois posé près de moi, dans le canapé, il était venu poser sa tête contre mes cuisses en me serrant doucement contre lui. À ce moment-là, je lui avais tout raconté. Mais plutôt que de me rejeter, il m’avait un peu plus agrippée avant de se relever.

- Je respecterais ton choix, Savanah.
- Tu penses que ce sera un garçon ? Une fille ? Peut-être même les deux, non ?

Je n’avais rien pu faire d’autre que de lui sourire, un peu plus lorsqu’il m’avait murmuré à de multiples reprises qu’il m’aimait, et encore un peu lorsqu’il s’était penché sur moi pour m’embrasser.

Suite à cela, il avait tout simplement cherché à mieux comprendre ce qu’il m’était arrivé, non sans s’indigner. Il avait bouillonné, évidemment, avait soupiré bruyamment, et je le sentais bouger nerveusement à côté de moi alors que je lui racontais ma vie jusqu’à ce qu’il y soit entré.

- Elle t’aura détruite jusqu’au bout, en somme.
- C’était ma mère, je voulais uniquement la voir heureuse.
- Sans prendre en compte ton bonheur à toi. En oubliant même qui tu étais, et en plus de ça tu as dû la… Mettre fin à ses jours. Savanah, tu n’avais pas à voir ce genre de choses-là, à les vivre même. Au final, pour ton père, il suffit de prendre l’option la plus lâche de cette histoire et c’est forcément la sienne.
- Certainement. C’est pour ça que j’ai peur d’être maman.
- Mais moi je ne m’en irais pas.

J’étais naïve, encore.

&&&.

Janvier, l’année de mes vingt-et-un ans.

J’entamais mon quatrième mois de grossesse. Au fil du temps, j’avais fini par l’accepter. J’en venais même à sourire bêtement, parfois, en regardant mon ventre légèrement gonflé. Encore plus lorsque, comme ce jour-là, Jared posait doucement sa tête contre moi comme pour s’assurer du fait que notre bébé était bel et bien là.

- WOW.
- Quoi ?

Il s’était relevé en quatrième vitesse, l’air totalement déboussolé, déconnecté, perturbé.

- Tu l’as pas senti ?
- De quoi tu causes ?
- Il vient de bouger !

Et lorsqu’il avait recommencé, j’avais senti mes joues chauffer. Je n’avais jamais rougi. C’était certainement la première fois qu’une telle chose m’arrivait. J’avais posé mes doigts contre ma peau, sous mon haut, et j’avais nerveusement rigolé, tandis que Jared s’empressait de revenir y poser sa tête sans pouvoir s’empêcher de sourire à s’en fendre la tête en deux. À ce moment-là, j’étais heureuse. Vraiment heureuse.

&&&.


Février, de la même année.

Il avait continué à bouger. Durant quelques jours, de temps à autre, mais je ne m’en étais pas vraiment préoccupée. Même lorsqu’il avait totalement cessé de se manifester, je ne m’étais pas posée de questions. C’était normal pour moi, parfaitement banal, même. Et c’était uniquement lorsque j’avais commencé à sentir mon bas-ventre se contracter que je m’étais inquiétée. C’était uniquement lorsque j’avais senti une désagréable sensation entre mes jambes, semblable à mes menstruations, que j’avais pris la peine de m’interroger. J’étais occupée à préparer le dîner lorsque j’avais eu cette horrible impression que plus rien n’allait.

- Jared ? A quand remonte la dernière fois où tu l’as senti bouger ?
- Deux semaines, à peu près.
- Appelle le médecin.

Il n’avait pas rechigné, n’avait même pas pris la peine de me demander pourquoi qu’il s’était déjà rué sur le téléphone. Moi, je m’étais précipitée dans la salle de bain pour me déshabiller, le cœur battant à tout rompre alors que je me retenais de pleurer. Je tentais de me rassurer. Je tentais de me persuader que ce n’était rien, que c’était normal. On m’avait parlé de saignements possibles. Mais ils n’avaient aucune raison d’être aussi importants. Alors, j’avais hurlé. Je m’étais époumonée parce que j’avais peur, parce que je me retrouvais incapable de bouger, parce que j’avais cette affreuse impression que tout m’échappait.

- Savanah, calme-toi. Remets tes vêtements, on y va.
- Ne me touche pas.

Il s’était contenté d’avancer, j’avais reculé. Je ne savais pas pourquoi je pleurais. Je n’étais même pas sûre d’être réellement en train de perdre mon bébé, mais je refusais de bouger. Parce que plus que tout, je sentais que quelque chose s’en allait. Et j’en avais la nausée, l’estomac retourné, alors que je sentais mon sang s’écouler le long de mes cuisses pour finir sa course contre mes mollets.

- Savanah, ce n’est peut-être rien. Viens, on va s’en assurer.
- Ne. Me. Touche. Pas.

Il n’avait lui-même pas l’air d’y croire. Je l’entendais, sa voix tremblait. Il tremblait, je le voyais. Alors j’avais fini par m’effondrer, lamentablement. Et le carrelage glacé contre mon visage m’avait arrachée un long frisson alors que je me recroquevillais, comme si cette simple position m’aurait aidée à me protéger. À le protéger. Avec du recul, je me dis que j’aurais dû y aller. Que j’aurais peut-être pu le sauver si je m’étais bougée lorsqu’il me l’avait ordonné. Au final, c’est peut-être moi qui l’ait tué.

- Lève-t—
- Ne m’approche pas, Jared. Ne me touche pas. Ne me regarde pas.

Mais il ne m’avait pas écoutée. Et quand bien même je m’étais débattue, quand bien même j’avais hurlé, il m’avait emmenée.

&&&.


J’avais réagi un peu trop rapidement. Je m’étais inquiétée un peu trop rapidement. Mais mes craintes couplées à ce que j’avais vécu par le passé n’avaient pas aidé à me rassurer. Et je le sentais. Indéniablement. Je sentais dans mon corps tout entier que quelque chose m’avait été arraché.

- Vous étiez à combien de mois ?
- …
- Elle en était à cinq.
- C’est trop tard pour un curetage, il va falloir la faire accoucher.

Et j’avais senti mes entrailles se tordre un peu plus violemment que précédemment. Sauf que ces souvenirs-là, j’avais préféré les oublier, quand bien même c’était quelque chose qui demeurerait éternellement gravé dans le moindre recoin de mon esprit malmené. Jusqu’au bout, jusqu’à la toute fin, je m’étais demandée s’ils ne s’étaient pas trompés. Si ce bébé qu’ils m’arrachaient n’avait pas tout simplement été achevé par les médicaments qu’on m’avait administré. Si ces sourires éteints que Jared m’adressait n’étaient pas surjoués. Et même après, j’avais continué à me demander si cet enfant, que j’avais fini par perdre, était réellement mort lorsqu’ils me l’avaient enlevé.

CHAPITRE V.


Avril, l’année de mes vingt-et-un ans.

J’étais devenue amorphe. Mes journées se déroulaient entre la salle de bain et le canapé, où je m’étais « installée ». J’avais fini par refuser l’idée même qu’il puisse me toucher. Alors, étrangement, il s’était mis à beaucoup plus travailler, à peu me parler. Et moi, je passais mon temps à malmener mon corps sans réellement me soucier de si oui ou non il me regardait. Avec le temps, et seulement deux mois après, nous avions commencé à vivre chacun de notre côté, jusqu’à ce qu’il finisse par craquer.

- Savanah, tu m’en veux ?
- … C’est toi qui devrais m’en vouloir.
- T’es complètement débile ou quoi ? Je t’avais dit que je resterais, que je continuerais à t’aimer, et ça incluait même ce genre d’évènements. Savanah, je ne t’en veux pas d’avoir perdu ce bébé, je sais que tu culpabilises déjà bien assez. Disons juste que je n’arrive pas à l’encaisser. Et c’est encore plus difficile quand je te vois t’éloigner, t’automutiler. Je ne peux plus même plus te toucher. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut traverser l’un sans l’autre.
- Je m’en irai.
- Pardon ?
- Puisque c’est aussi difficile pour toi, je m’en irais.
- C’est pas ce que je veux.
- Mais moi si. Alors je m’en irai.

Il avait tenté de me retenir, évidemment. Et quand bien même il le faisait, j’avais bouclé mes valises sous ses yeux avant de tout simplement m’en aller, une semaine après.

&&&.


Paris, un matin de juillet.

J’avais quitté l’Amérique. Sur un coup de tête, certainement, mais je n’avais aucun regret. Je ne savais même pas pourquoi j’avais choisi Paris, mais je m’y étais installée. Ma vie, je la gagnais en tant que mercenaire, sans réellement me soucier de qui je pouvais tuer ou blesser. Au final, je n’avais plus aucune difficulté à voir du sang couler. Et même si je m’en voulais, ça ne m’avait jamais empêchée de tuer. Jusqu’à ce que je finisse par totalement sombrer. La culpabilité des meurtres que je commettais, parfois, m’avait rongée, couplée à l’assassinat de ma mère et de mon bébé. Alors j’avais cédé. J’avais commencé à tuer sans trop m’inquiéter de ce que je faisais. Parce que je savais que j’aurais beau me battre, je n’obtiendrais jamais le bonheur pourtant simple auquel j’aurais pu aspirer. Je me salissais, encore un peu plus. Tant et si bien que j’avais fini par rejeter tout contact physique au point de trancher en deux la moindre personne qui avait le malheur de m’effleurer.

Je ne sortais plus, si ce n’était pour me « défouler. ». Et comme la criminalité est indissociable de la culpabilité, je m’automutilais. Je me brisais les os, me déchirait la peau. J’avais mal, je hurlais, je pleurais, mais j’en étais soulagée. Parce que le fait de tuer était devenu le prétexte de mon autodestruction.

&&&.


L’année de mes vingt-quatre ans.

Et puis, il était arrivé. Ou tout du moins, je lui étais tombée « dessus », sans réellement comprendre ce que je faisais. Je m’étais contentée de sauter de l’immeuble où j’étais perchée, sans but concret à vrai dire. Alors il m’avait regardée, l’air surpris et je l’avais à peine écouté parler que j’entreprenais déjà de m’en aller.

Mais rien ne s’était déroulé comme je l’avais « espéré ». Rien ne s’était passé comme je l’avais imaginé. Plutôt que me laisser partir, il m’avait attrapée. Et lorsque j’avais tenté de blesser sa main qui s’était refermée sur mon bras, il avait éternué. Alors une fois de plus, j’avais voulu m’échapper. Et une fois de plus, il m’en avait empêchée. J’avais frissonné, grimacé, peut-être même gémi, de dégoût comme de mal-être. Il ne devait pas me toucher. Il n’était pas en droit de le faire. Je ne voulais pas le salir lui aussi. Un oiseau de malheur n’avait rien à faire avec les gens dits « normaux ». Mais il ne s’était pas démonté. Et lorsque j’avais tenté de me briser les côtes, j’avais senti mes jambes se dérober sous mes pieds.

Et ce ne fût qu’à mon réveil que j’avais compris qu’il m’avait assommée. Il avait parlé. Un peu, pas assez. À vrai dire je n’en sais rien. J’avais appris de là qu’il s’appelait Allan et qu’il appartenait aux forces de l’ordre, mais je ne m’en étais pas inquiétée. Finir en prison n’était pas quelque chose qui m’effrayait. Pourtant, plutôt que de me jeter derrière les barreaux, il avait continué à discuter, et je m’étais obstinée à refuser de lui dire quoi que ce soit de plus que mon prénom. Je ne savais pas s’il s’impatientait. À vrai dire, je m’en fichais. J’estimais n’avoir aucun compte à lui rendre, alors j’avais esquivé ses questions au maximum, en lui répondant par le strict minimum.

- Je ne veux pas de ton aide.

J’étais restée chez lui un court moment, juste assez pour qu’il finisse par me laisser seule et que j’en profite pour m’en aller. J’avais fini par vouloir fuir toute forme de compagnie. Et j’étais rentrée chez moi, non sans ronchonner lorsque je l’avais vu passer la porte peu après. J’avais cette désagréable impression que jamais je ne m’en débarrasserais, que le fait de sauter de ce toit m’avait condamnée. Ce jour-là, je m’étais moi-même assommée en battant ma tête contre l’un des murs de mon salon, et il m’avait juste regardée.

&&&.


Il était resté. Quand bien même je l’avais insulté. Quand bien même je lui avais ordonné de s’en aller. Il n’avait pas bougé. Il s’était obstiné à parler, à tenter de me raisonner, et pour seule réponse, je m’étais contentée de me briser le bassin, comme pour le narguer. J’avais mal, je pleurais, je le méritais. Autant que cette gifle que je m’étais mangée. Sur l’instant, j’avais été incapable de réagir, de parler, de bouger. Alors je l’avais écouté, j’avais encaissé, mais je n’avais pas relevé. Parce que la douleur m’épuisait autant qu’elle me faisait pleurer. Mais même là, il était resté. Jusqu’au bout, il ne s’était pas défilé.

Il avait commencé à s’occuper de moi, sans réellement se demander si oui ou non je l’acceptais. Il s’était installé pour quelques jours et j’avais été obligée de m’y accommoder. Parce qu’avec un bassin brisé, j’étais incapable ne serait-ce que de bouger. Alors j’avais forcé pour lui laisser le droit de me toucher. Pour qu’il puisse me porter et m’administrer les antidouleurs qui me faisaient planer.

&&&.

- J’te dépose quelque part ?

J’avais halluciné le jour où il était revenu avec un fauteuil roulant. J’avais eu envie de l’insulter, honnêtement. J’avais cette désagréable impression qu’il se moquait de moi, mais j’avais compris seulement après que ce n’était pas le cas.

Et puis, il y a eu ce soir, où il m’a proposée d’aller voir les étoiles. Ce soir où, étrangement, plutôt que de le repousser, j’avais accepté. J’avais souri, aussi. Inconsciemment. Parce que mine de rien, ce que je voyais me plaisait. Alors j’avais même fini par me prêter au jeu, par faire un vœu.

EPILOGUE.


- Alleeeeez ! Embrassez-vous là !
- Vous avez personne d’autre à embêter ?
- Mais tu vois pas qu’elle attend que ça ?! Aller, prends tes couilles là !

Je ne savais plus réellement comment j’étais arrivée là. Ni même pour quelle foutue raison j’avais accepté de sortir de chez moi. Toujours est-il que j’avais tiré la gueule. Un peu plus lorsque ces gosses s’étaient pointés sous nos nez pour nous ordonner une démonstration d’amour et d’affection. Mais j’avais promis de me tenir, de ne pas faire de dégâts, alors je m’étais contentée de bouillonner, de regretter un peu plus d’avoir accepté de l’accompagner.

- On bougera pas tant que vous l’aurez pas fait.

Je n’avais aucun mal à y croire. Pour obstiné qu’ils en avaient l’air, j’avais fini par me dire qu’effectivement, ils le feraient. Et j’avais craqué. Oh, je n’avais tué personne. Je n’avais épinglé personne. Je m’étais contentée d’attraper Allan pour aller écraser mes lèvres sur les siennes avant de rentrer. Avant d’aller descendre deux bouteilles d’alcool pour oublier le goût de sa bouche contre la mienne. Parce que ce contact ne m’avait pas spécialement dégoûtée, et que je n’arrivais pas à l’encaisser. J’avais beau être texanne et victime de tous les clichés qui nous caractérisaient quant à l’alcool, j’étais au moins aussi cuite que n’importe qui lorsque je m’étais relevée pour aller prendre l’air. Alors je marchais plus très droit, et j’évitais même de parler pour ne pas dégobiller tout ce que j’avais ingurgité. Et je la sentais venir, la gueule de bois. Contrairement à lui. Non, je n’avais pas vu qu’il arrivait. Oui, c’est cliché. Malgré moi, j’avais fini par lui rentrer dedans alors que, par je ne sais quel moyen, il s’était rattrapé contre la porte-fenêtre en me saisissant par la taille pour m’éviter de tomber.

Il m’avait regardée, curieusement, sans que je ne sois capable de ne pas en faire autant. Et une fois de plus, mes lèvres s’étaient perdues contre les siennes, sans que je ne cherche réellement à l’empêcher. Ce baiser qu’il m’avait donné, je l’avais accepté, à l’instar de ce qui était venu après. Je m’étais donnée à lui sans réellement me soucier de ce que je faisais.

&&&.


Tout avait été beau. De ses baisers à ses caresses, de ses étreintes à ses regards. De ses sourires à ses soupirs. Tout avait été infiniment beau. Jusqu’au lendemain. Jusqu’à l’arrivée de ce que j’avais cru être des regrets, jusqu’à ce je lui hurle de s’en aller, jusqu’à ce que je finisse par le rejeter. J’avais l’impression de déjà savoir où tout ça allait nous mener. Alors j’avais peur. Plus que tout, j’avais peur. Peur de l’aimer, peur de me risquer à tenter d’être heureuse et d’échouer. J’étais assez tombée pour oublier l’idée même de me relever. Et pourtant, avec lui, j’avais l’impression que tout allait.

Et je m’étais mise à attendre, sans réellement savoir quoi. Je tournais en rond sans savoir où j’allais ni ce que je faisais. Mon appartement avait fini par devenir vide. Bien trop vide pour une seule personne. Mais je n’étais pas allée le chercher. Parce qu’inconsciemment, j’espérais que ce serait lui qui reviendrait. Inconsciemment, l’amour que j’aurais dû donner à Jared, c’était à lui que je l’avais donné.

C’est certainement pour ça que je n’avais pas crié lorsqu’il était revenu. Plutôt que de le repousser, je m’étais jetée dans ces bras qui m’avaient manquée à l’instar de sa chaleur, de ses sourires, de sa voix, de sa tendresse, de ses baisers. J’avais accepté d’être heureuse à ses côtés et dès le premier jour, je l’avais été. Et tout était parfait.

Tout serait éternellement parfait.
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MessageSujet: Re: ∆ Don't touch me.   ∆ Don't touch me. EmptyMer 12 Nov - 23:00


Fait un vœu !

J'ai adoré son histoire. Elle est géniale et elle fait le petit pincement au cœur. Du coup maso du RP que je suis... Bref tu es validée, encore bravo pour ta fiche ! Et moi j'ai fait le vœu de t'aimer alors : Je t'aime. *^* ♥

Tu es désormais un(e) civile de niveau 33. Tu peux dès à présent te balader dans Néo-Paris (et essayer de survivre) avec ton objet n°1.

N'oublie d'ailleurs pas d'aller recenser ton avatar ici, ton pouvoir ici, et n'oublie surtout pas d'aller ouvrir ta fiche de liens par là !

Ton Lexou qui t'aime.~ ♥
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